Le bilan de la semaine qui vient de s’écouler ne peut qu’être positif pour Guy Forget, le directeur du Masters 1000 de Paris-Bercy. En effet, le tournoi a fait le plein tout au long de la semaine, même pour un premier tour opposant par exemple Fabio Fognini (n°37) à Marton Fucsovics (n°40). Après deux années bien difficiles, où le public a d’abord été le grand absent dans les stades du monde entier, puis où les jauges ont pu augmenter petit à petit, le retour d’un public parisien chaud bouillant et à fond derrière ses joueurs (notamment Hugo Gaston) a fait le plus grand bien.
Le premier à avoir fait remarquer l’effet positif du retour du public à L’Accor Arena aura été Patrick Mouratoglou. Il y a quelques jours, il s’est autorisé un tweet, expliquant la chose suivante : « Cette année, la foule est exceptionnellement bruyante et l’ambiance est particulière dans les stades de tennis. Les gens sont tellement heureux de pouvoir à nouveau assister à un événement sportif. Ils jouent un rôle important dans le soutien des joueurs et ont un impact direct sur leurs performances. » Il ne croyait pas si bien dire. Si le Toulousain Hugo Gaston (n°67) a réalisé le parcours qui a été le sien, c’est en partie grâce au public qui l’a soutenu du début à la fin. Lors de son huitième de finale contre l’Espagnol Carlos Alcaraz (remporté en deux sets 6-4, 7-5), on se souvient que le joueur tricolore a été mené 5-0 dans la seconde manche. Grâce à sa force mentale, son tennis qui pourrait faire déjouer n’importe qui et le soutien sans faille de la foule en délire, Hugo Gaston est revenu dans la partie et a réussi à conclure en deux manches. « L’atmosphère était incroyable », avait réagi le Français à l’issue de la rencontre. « Honnêtement, je joue au tennis pour ça. C’était vraiment merveilleux de vivre ce match avec eux. En fait, j’ai gagné parce qu’ils m’ont soutenu du début à la fin même quand j’ai eu une déception pendant le premier ou le deuxième set, ils m’encourageaient toujours. C’est incroyable d’avoir un si grand public. » Ce public, ce soir-là, est parvenu à faire craquer le jeune joueur ibère de 18 ans, qui n’avait jamais connu une telle ambiance hostile envers lui. « Ce n’est jamais facile de jouer avec le public contre vous mais je ne pouvais pas imaginer que ça puisse être si lourd », avait expliqué Carlos Alcaraz après sa défaite en huitièmes. « C’est la première fois que je vis ce genre de situation et cela n’a pas été facile pour moi. »
Malheureusement pour Hugo Gaston, le public ne fait pas tout. Le lendemain, il a perdu en quarts de finale face au Russe Daniil Medvedev (n°2), futur finaliste du Rolex Paris Masters. Et pourtant, il a failli remporter le premier set (il a eu trois balles de première manche), encore une fois poussé par ce public enjoué, bruyant et solidaire pour le joueur tricolore. En face, il n’avait plus un rookie, mais un vainqueur de Grand Chelem, qui commence à avoir l’expérience des grands rendez-vous – et des foules hostiles, comme à l’US Open en 2019, tout le monde s’en souvient. Au final, Daniil Medvedev est parvenu à faire fi du public pour l’emporter, mais il a reconnu que ce dernier avait eu son rôle à jouer en début de rencontre. « Quand le public est contre vous, vous devez y faire face », avait-il confié en conférence de presse. « Vous devez essayer de gagner quoi qu’il arrive. Même quand c’est contre moi, je me dis : ‘Eh bien, je vais essayer de battre mon adversaire et le public’, parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Je suis plutôt content de moi, mais c’était vraiment un match de haut niveau. » Il faut dire qu’après une édition 2020 disputée à huis clos, on peut comprendre que les gens ont été plus que contents de retrouver les tribunes de Bercy. Tout le monde aurait voulu vivre cette atmosphère exceptionnelle, mais cela n’a pas pu se faire pour ma part. Quoiqu’il en soit, le bilan est donc positif pour Guy Forget, le directeur du tournoi. « Après une année 2019 record (140 000 billets vendus, ndlr), jouer l’année dernière à huis clos a été extrêmement difficile », a déclaré l’ancien vainqueur de l’épreuve. « Il y a un mois de cela, on avait vendu seulement 50 % des billets et aujourd’hui, on est à 120 000 billets vendus, ce qui est une performance exceptionnelle. Les gens étaient peut-être un peu hésitants au début, à venir dans un stade, à l’intérieur, enfermés. Mais ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient revivre de fortes émotions et le faire dans des conditions de sécurité sanitaire maximales. Je touche du bois, mais nous n’avons pas eu de cas, de cluster. » Si l’ambiance était à la fête, économiquement l’ancien capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis a tenu à modérer son propos. « On n’est pas sur les chiffres de 2019, où on avait vendu plus de 140 000 billets, mais en étant à 120 000, c’est une vraie bonne nouvelle », a-t-il ajouté. « On a vécu une édition extraordinaire, avec une qualité de jeu qui m’a semblé supérieure aux années précédentes. Se retrouver avec une finale entre le n°1 et le n°2, Djokovic – Medvedev, une salle complète depuis mercredi soir, si j’avais pu signer avant le tournoi, j’aurais signé des deux mains. »

Pendant la cérémonie de remise des trophées, le vainqueur et le finaliste y sont allés de leur petit mot pour ce public parisien, en tous points exceptionnel. Daniil Medvedev, heureux vaincu, a une nouvelle fois fait part de sa joie de retrouver le public. Novak Djokovic (n°1), sextuple vainqueur du tournoi, n’a eu d’autre choix que d’aller dans la même direction. Même si ce public n’a pas toujours été tendre avec lui, il sait qu’il est essentiel au jeu produit. Les deux hommes ne s’y sont pas trompés, levant les bras pour haranguer la foule après avoir remporté un point d’exception. Pour vous faire comprendre le caractère essentiel d’avoir du public dans les tribunes lors d’un événement mondial comme le Masters 1000 de Paris-Bercy, nous laisserons le dernier mot à Daniil Medvedev, qui s’est encore exprimé sur la question en conférence de presse, ce dimanche, après la finale : « C’était vraiment magnifique. On a quand même commencé à en avoir cette année (du public, ndlr), petit à petit, et surtout à l’US Open où il pouvait aussi y avoir 100 % de capacité dans le stade. À New York, c’est électrique, donc ce n’est pas facile à gérer. C’est dur d’avoir quelqu’un qui parle, il y a toujours du bruit, tu sens la présence du public. Le premier match, tu n’es pas perdu, mais tu sens qu’il faut te réhabituer. Maintenant, j’espère que ça va rester comme ça. C’était magnifique, très positif. Je pense qu’on adore tous ça. » Bien sûr, qu’on adore les ambiances survoltées, celles que l’on connaissait au temps de l’ancienne formule de la Coupe Davis, aujourd’hui tombée dans les oubliettes !
Crédit photos : @RolexPMasters
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