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Luis Borfiga : « Il faut se remobiliser pour redonner des couleurs au tennis français »

Pendant quinze ans, Louis Borfiga a contribué à offrir au Canada quelques pépites du tennis mondial, dont Denis Shapovalov (n°19) ou encore Félix Auger-Aliassime (n°11) font désormais partie. De retour en France aux côtés du président de la FFT, Gilles Moretton, il s’est exprimé pour nos confrères du Figaro sur l’avenir du tennis français.


Nouveau conseiller spécial du président de la FFT, Gilles Moretton, Louis Borfiga est revenu en France après un exil de quinze ans à la Fédération canadienne. Formateur reconnu et aujourd’hui âgé de 67 ans, il a notamment formé Gaël Monfils ou Jo-Wilfried Tsonga durant ses 21 ans à la fédération, dont 14 à l’Insep, puis a révolutionné le tennis canadien durant ces quinze dernières années. S’il ne souhaite pas être présenté comme le sauveur d’un tennis tricolore en crise, il compte bien l’aider à se redresser. Pour nos confrères du Figaro, Louis Borfiga a expliqué ce qui l’a fait revenir en France pour travailler au sein de la fédération. « Il était temps de rentrer à la maison après quinze années passées au sein de la Fédération canadienne. Gilles Moretton m’a appelé et je n’ai pas trop hésité. Le fait qu’il soit président a beaucoup eu d’influence sur mon retour. Il est temps que je rende à la FFT ce qu’elle m’a apporté dans ma carrière. » La réputation de ce formateur émérite n’est plus à faire. C’est notamment grâce à lui que des joueurs canadiens comme Félix Auger-Aliassime (n°11) et Denis Shapovalov (n°11) tutoient aujourd’hui les sommets, même s’ils ont du mal à confirmer et à entrer durablement dans le Top 10. Son rôle au sein de la FFT sera d’être un « conseiller spécial ». « Je vais amener mon expérience », a ainsi expliqué Louis Borfiga. « Ça va être un travail d’équipe et on me consultera. Je vais surtout analyser ce qui se fait et proposer des ajustements avec le président et le DTN. »

La tâche s’annonce rude. Depuis quelques mois, le tennis français semble aller de plus en plus mal, avec des résultats au plus haut niveau en nette baisse par rapport aux années 2010. La génération des Mousquetaires (Monfils-Tsonga-Gasquet-Simon) est vieillissante et la relève tarde à prendre le relais. « C’est difficile à analyser parce que je n’étais pas là », a analysé le formateur français. « Mais avec les succès de la génération de Jo, tout le monde s’est peut-être inconsciemment relâché. Il faut se tourner vers le futur et prendre les bonnes décisions. Il faut se remobiliser afin de redonner des couleurs au tennis français. » Ce qui est sûr, c’est que Louis Borfiga semble optimiste en ce qui concerne l’avenir du tennis tricolore. Comment fait-il pour être aussi confiant en l’avenir ? « Déjà, la bonne ambiance qui règne au sommet avec Gilles Moretton et son équipe », s’est-il expliqué. « Ce sont des gens compétents. Et puis, il y a déjà beaucoup de jeunes qui jouent bien et des jeunes filles qui arrivent. C’est enrichissant que des joueurs comme Tsonga ou Gasquet veulent également s’investir. Plus il y aura de compétences, mieux ça sera. Cela prendra du temps, mais cela portera ses fruits. J’en suis certain. » En comparaison avec la France, l’Italie connaît actuellement un boom avec plusieurs joueurs, dont Matteo Berrettini (n°7) et Jannik Sinner (n°9), qui s’imposent au plus haut niveau. De quoi se sentir inspiré. « Le président a eu beaucoup de contacts avec son homologue italien », selon les dires de Louis Borfiga. « Il y a des choses à apprendre. On va piquer des idées, c’est clair ! Un bon coach, c’est un voleur d’idées. Les Italiens ont un maximum de compétitions sur terre battue, que ce soit pour les jeunes, les Challengers, les Futures. Ça n’a pas seulement aidé les joueurs mais aussi les entraîneurs. On peut aussi s’inspirer de leurs professeurs dans les clubs, qui sont très compétents. »

Deux points semblent essentiels dans la formation des jeunes en France : prioriser à nouveau la préparation sur terre battue, au pays de Roland-Garros, et surtout travailler l’aspect mental des joueuses et des joueurs. « La terre battue demeure la meilleure surface pour se former », a assuré Louis Borfiga concernant le premier point. « On a un Grand Chelem sur terre battue et l’objectif numéro un devrait être de gagner Roland-Garros. L’idée serait de multiplier les tournées sur cette surface pour les jeunes et de s’entraîner un peu plus dans le Sud de la France ou en Espagne. C’est un message fort qui a déjà été envoyé par le DTN. » Quant à la préparation mentale, voici ce qu’il en pense : « Nicolas (Escudé, ndlr) en fait l’une de ses priorités. Il a engagé une équipe dans ce domaine. Il va y avoir des nouveautés. Il est branché là-dessus. Moi je suis un peu vieille école. Mais c’est bien sûr très bien de faire de la préparation mentale. Le message capital, c’est aussi que la technique pour les jeunes doit redevenir la priorité. L’autre message auquel j’adhère, aussi, c’est que l’on ne va plus attacher trop d’importance aux résultats dans les catégories des jeunes, on va s’attacher d’abord à leur progression. » En parlant de ces jeunes, il leur arrive régulièrement d’avoir de très bons résultats chez les Juniors (on se rappelle des quatre joueurs tricolores présents en demi-finales de Roland-Garros, cette année, chez les garçons) mais le passage chez les pros peut parfois être difficile. Que faudrait-il faire pour mieux réussir cette transition ? « Il faut, il me semble, cultiver l’esprit sportif chez les jeunes, pour en faire des sportifs avant d’être des joueurs de tennis », a expliqué le formateur tricolore. « Et il faut vraiment casser des barrières. Lors d’un colloque d’enseignants j’ai déclaré que les jeunes français avaient peut-être un peu peur d’afficher leurs ambitions. On a su décomplexer les Canadiens et les Canadiennes. Le jour où Felix Auger-Aliassime a dit à 16 ans qu’il n’avait aucune limite, alors là je me suis dit que j’avais réussi mon pari. Ce qui est important, c’est aussi l’entourage. Ça devient compliqué dans le tennis. Un bon jeune a déjà son propre agent et des préparateurs. Ce n’est pas spécifique à la France. Il faut garder les bonnes valeurs à 18-19 ans et ne pas se disperser. »

Crédit photos : @leparisiensport, @franceinfo, @lavoixdelest

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