Âgé de 18 ans, le Danois Holger Rune (n°211) doit opérer des choix difficiles cette saison. En effet, il progresse rapidement sur le circuit Challenger, ce qui lui donne l’occasion de recevoir des invitations pour des tournois du circuit ATP. Cependant, sur le grand circuit, il peine encore a s’imposer. Son cas montre ainsi l’injustice des wild cards dans le monde du tennis.
Dans le monde du tennis, si vous n’avez pas un bon sponsor, vous n’êtes personne. C’est ce qu’ont dû penser de nombreux joueurs au début de leur carrière, lorsque les difficultés économiques ont surgi et sont devenues une préoccupation primordiale. Parfois, le jeu ne fait pas tout, et il faut profiter des opportunités que l’on vous offre en tirer le meilleur parti. Parfois, cependant, ce parrainage et ce réseau de contacts peuvent faire perdre le nord. Le système de wild cards dans le tennis semble ainsi injuste et peut devenir une source d’inégalités. Parlez-en au jeune joueur danois Holger Rune (n°211), dont nous vous proposons d’étudier le cas. L’ambition infinie de ce jeune joueur, courageux aussi bien sur le court que devant les caméras et les journalistes, lui a valu de nombreuses invitations depuis le début de sa jeune carrière. Il a aussi eu droit à d’autres opportunités qui font de lui un des espoirs du tennis les plus mis en avant : de nombreux sponsors et surtout, des liens visibles avec Patrick Mouratoglou et l’Académie qu’il possède sur la Côte d’Azur. Le nom de Holger Rune, vainqueur de Roland-Garros chez les Juniors, devient une revendication pour de nombreux tournois. Parmi eux, le tournoi ATP 250 de Bastad, disputé cette semaine en Suède. Là se situe le problème : celui d’un tournoi ATP offrant une invitation à un joueur qui n’est pas du pays où se joue ledit tournoi et qui ne figure même pas dans le Top 200.

Prenons également l’exemple du tournoi ATP 250 d’Umag, situé en Croatie, qui a décerné une wild card à Rune, plutôt que de la donner à un jeune joueur croate. À Bastad, Holger Rune s’est incliné au deuxième tour face au Norvégien Casper Ruud (n°13). Un résultat somme toute logique, mais la forme ne fait que souligner l’énorme différence de niveau entre le Danois et les habitués du circuit ATP : 6-0, 6-2. Holger Rune a ainsi reçu une invitation dans sept des huit premiers tournois qu’il a disputés en 2021 sur le circuit ATP. Ses apparitions dans des tournois du plus haut niveau sont donc devenus la norme plutôt qu’une exception. Le joueur de 18 ans est apparu à Buenos Aires, Santiago du Chili, Marbella, Monte-Carlo ou encore Barcelone. Cinq événements pour quatre défaites au premier tour, à l’exception de Santiago du Chili, où il avait battu le Français Benoît Paire (n°51) pour atteindre les quarts de finale. Entre les deux, des crampes après des tournois très demandés ne lui ont pas permis d’en profiter pleinement, même dans les tournois du circuit Challenger. Le potentiel de Rune serait-il exagéré et prend-il la place de beaucoup de joueurs avec toutes ces invitations qui lui sont offertes ? N’est-il pas contre-productif dans l’évolution du joueur nordique de le placer pleinement dans l’élite du tennis mondial, le laissant jouer à un niveau d’exigence loin de ce à quoi il est habitué ? Les interrogations sont nombreuses.

Il va sans dire que Holger Rune est un joueur qui a incontestablement un gros potentiel. Son cas ne fait que justifier et souligner l’importance de prendre le bon chemin. Un joueur doit y aller étape par étape, sans les brûler. Rune a semblé comprendre qu’il était temps de descendre d’un cran pour gravir les échelons, en passant par le circuit Challenger. Une véritable jungle où les places sont chères. Au printemps, Holger Rune avait trouvé un bel équilibre, loin des Masters 1000 et des tournois du Grand Chelem. Il a ainsi remporté son premier titre en Challenger (Biella), disputé sa première finale (Oeiras), une demi-finale et deux quarts de finale. À tout cela, ajoutez des victoires sur des joueurs comme Fernando Verdasco, Daniel Altmaier, Marco Trungelliti, Thomas Fabbiano ou encore Malek Jaziri. Ils ne sont pas au sommet du classement mondial, mais il s’agit de joueurs ayant suffisamment d’expérience et de connaissance du circuit pour faire perdre la tête à un jeune qui veut conquérir le monde. Ce qui n’a pas été le cas. Quand Holger Rune s’est incliné au premier tour du tournoi ATP 500 de Barcelone, il pointait au 323ème rang au classement ATP. Quelques mois plus tard, grâce à ses belles performances sur le circuit Challenger, il se rapproche dangereusement du Top 200. Il n’y a pas de meilleur test que le circuit Challenger, quelque chose que Holger Rune sait maintenant, et les matchs contre des joueurs comme Casper Ruud ne feront que retarder son éclosion au plus haut niveau. Des cas comme celui du jeune joueur danois, qui illustrent l’exigence d’un monde qui ne vous donne rien, on pourrait en trouver plus d’un. Donner trop d’invitations à un même joueur peut sembler injuste et ne lui donne pas l’occasion de montrer sa vraie valeur. En ce qui concerne Holger Rune, nous verrons comment il rebondit après une défaite aussi cinglante que celle subie à Bastad. Réponse la semaine prochaine, lors du tournoi ATP 250 d’Umag.
Crédit photos : @NordeaOpen
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4 réflexions au sujet de “Entre des invitations sur le circuit ATP et le circuit Challenger, le dilemme d’Holger Rune”