Entre les frasques de Benoît Paire (n°33), la mise sur pause de Gaël Monfils (n°14) et Gilles Simon (n°69), et des joueurs comme Pierre-Hugues Herbert (n°74) et Alizé Cornet (n°61) qui tentent de faire leur job malgré tout, le tennis semble, ces derniers mois, être en proie à la déprime. La situation sanitaire, l’absence du public, les voyages souvent seuls et les tests à gogo n’y sont pas pour rien… mais que faire ?
Ces dernières semaines, nous avons beaucoup entendu parler de Benoît Paire (n°33), notamment lors de la tournée sud-américaine sur terre battue. Entre ses frasques sur le court et ses déclarations en conférence de presse, le malaise est grandissant et on sent bien que l’Avignonnais n’a pas du tout la tête au tennis en ce moment. Cette situation dure même depuis plusieurs mois, à vrai dire depuis la reprise du tennis en août dernier après plus de cinq mois d’arrêt à cause de la pandémie de Coronavirus. Après sa défaite face à Lorenzo Musetti (6-3, 6-3) lors de son entrée en lice ce samedi lors du Masters 1000 de Miami, le joueur français déclarait en conférence de presse : « Je vais rentrer chez moi, voir ma famille et mes amis, me balader avec mon chien. Et je ne vais pas regarder un match de tennis, ça ne m’intéresse pas. » Dans quel état psychologique le retrouvera-t-on dans quelques jours, sur terre battue, lors du Masters 1000 de Monte-Carlo ? Difficile à dire, mais s’il ne se reprend pas, il pourrait poursuivre sa série de cinq défaites consécutives, huit sur les neuf matches qu’il a disputés en 2021. Cependant, Benoît Paire n’est pas le seul à avoir du mal avec la situation actuelle. Certes, comme le précisait le Britannique Dan Evans (n°29) : « Être dans une bulle, ce n’est pas si difficile pour être honnête. Beaucoup trop d’autres choses se passent actuellement dans le monde. Certains joueurs aiment beaucoup geindre, mais je ne peux pas m’asseoir ici et chouiner à propos de la vie dans les bulles. Nous avons la chance de pouvoir faire notre boulot, un sport que nous aimons. Au final, c’est un plaisir de pouvoir jouer en compétition. » Ce qui n’empêche pas d’autres joueurs de ne pas se sentir à l’aise quand ils jouent sans public, quand ils doivent se faire tester régulièrement ou quand ils ont à peine le temps de s’entraîner avant le début d’un tournoi.

On peut même aller jusqu’à parler de déprime. Pour certains joueurs français, cela s’est vu depuis le début de la saison. Pour d’autres, un peu moins. Le Strasbourgeois Pierre-Hugues Herbert (n°74), par exemple, a récemment connu de bons résultats. Il a notamment atteint la finale au tournoi ATP 250 de Marseille, après avoir fait un quart de finale au tournoi ATP 500 de Rotterdam. Et pourtant, il ne s’est pas gêné pour parler de la déprime des joueurs. « On est tous un peu dépressif, je dirai même pratiquement la majorité des joueurs », a-t-il déclaré dans des propos relayés sur le site de France Inter. « C’est pas la joie avec des tournois sans public, avec des bulles sanitaires, avec de plus en plus de choses à faire niveau paperasse pour rentrer dans les pays. Des voyages qui s’allongent parce qu’il y a de moins en moins de vol. On est obligé de rester enfermés, il n’y a plus d’échange entre nous, il n’y a plus de chaleur humaine. En fait, on est tous un peu nostalgiques de la vie qu’on avait avant le Covid. » D’autres, comme Gaël Monfils (n°14), ont craqué en début de saison et ont préféré faire un break, plus ou moins long. en ce qui concerne le Parisien, il reprendra doucement avec la quatrième édition de l’Ultimate Tennis Showdown, le week-end prochain, avant le retour sur sa surface favorite, la terre battue. Mais on se souvient de ses larmes en conférence de presse après sa défaite au premier tour de l’Open d’Australie. Mais il n’est pas le seul à avoir fait part de son mal-être. Opéré cette semaine, le Suisse Stan Wawrinka (n°21) en a parlé sur les réseaux sociaux. De son côté, le Canadien Denis Shapovalov (n°11) a avoué qu’il remplissait un peu ses obligations envers les sponsors, sans pour autant prendre du plaisir à jouer en tournoi.

Et puis, il y a ceux qui ont pris une vraie pause, d’une durée indéterminée. C’est par exemple le cas du Français Gilles Simon (n°69), qui préfère profiter de sa famille et s’éloigner des tournois et de leur ambiance morose. Le Niçois n’a plus joué depuis sa défaite au premier tour du tournoi ATP 250 de Montpellier. Cela démontre bien que beaucoup de joueurs ont perdu de leur motivation. Les bulles sanitaires que les tournois sont obligés de mettre en place en sont la principale cause. Sans parler des voyages, qui deviennent de plus en plus compliqués à effectuer pour se rendre d’un pays à l’autre. « C’est juste qu’il y a un peu de lassitude parce que j’en ai un peu ras le bol », avouait de son côté Alizé Cornet (n°61), qui compte quatre victoires pour six défaites en 2021. « Quand je sais que je vais devoir retourner à l’entraînement sans savoir quand je jouerai mon prochain match, c’est un coup dur pour ma motivation. En ce moment, il faut s’adapter et c’est ce que je ne fais pas très très bien. » Au point de penser à la retraite ? Pour la Niçoise, l’idée fait son petit bonhomme de chemin et apparemment, elle se donnerait jusqu’aux Jeux Olympiques de Tokyo, l’été prochain, pour réfléchir à la suite à donner à sa carrière. « Ça dépendra où j’en suis mentalement et physiquement, où on en sera au niveau du Covid », a-t-elle précisé. « J’ai quand même 16 ans de professionnalisme dans les pattes et ça se ressent. Et là, avec les circonstances et le Covid, ça ne m’a pas fait du bien, personnellement. C’est peut-être plus facile quand on a 20 ans et qu’on a les crocs. En revanche, quand on est plus vieux, il faut trouver des raisons de continuer et c’est plus dur. » Dernier élément qui montre bien le malaise que vit le tennis professionnel en ce moment : vingt-et-un joueurs, dont quatre des six meilleurs joueurs mondiaux, sont absents du Masters 1000 de Miami, le premier tournoi de cette catégorie de la saison suite au report d’Indian Wells. C’est d’ailleurs la première fois depuis 2004 que le tournoi disputé en Floride se joue sans le Big Three, à savoir Novak Djokovic (n°1), Rafael Nadal (n°3) et Roger Federer (n°6).
Crédit photos : @tennis_phil, @TennisInside_
À LIRE AUSSI :
Le Challenger de Lille a relevé le défi d’organiser un tournoi en pleine pandémie
Ana Konjuh, de retour au WTA 1000 de Miami, entrevoit la fin de son calvaire
3 réflexions au sujet de “À l’image de Benoît Paire, le monde du tennis connaît-il une période de déprime ?”