Après quatre opérations du coude et environ trois ans sans jouer en compétition officielle, la Croate Ana Konjuh (n°338) est de retour au WTA 1000 de Miami, où elle s’est qualifiée pour le troisième tour ce jeudi. Elle voit ainsi la lumière au bout du tunnel, après avoir traversé les pires galères.
L’histoire de la joueuse croate Ana Konjuh (n°338), âgée de 23 ans, est l’une des plus difficiles que le circuit féminin ait connu au cours de la dernière décennie. Après une très belle carrière sur le circuit Juniors, cette jeune femme pleine de talent avait tutoyé les sommets dès les débuts de sa carrière professionnelle. Seulement, les blessures se sont enchaînées et ont mis un vrai coup d’arrêt à sa progression. Tout a commencé en 2014, avec une première opération du coude ; puis la deuxième est survenue trois ans plus tard, en 2017, et Ana Konjuh a dû subir un total de quatre interventions, qui l’ont éloignée des courts pendant environ trois ans. Si nous parlons de cette joueuse ce vendredi, c’est qu’elle effectue cette semaine un véritable retour au premier plan, au tournoi WTA 1000 de Miami. Et pour en arriver là où elle en est aujourd’hui, elle a joué avec un des seuls facteurs qu’elle pouvait contrôler : sa foi. « En vérité, je n’ai pas vraiment de plan B », a déclaré la joueuse de 23 ans pour le site de la WTA. « Beaucoup de gens m’ont demandé cela après la mise en quarantaine, mais je n’en ai pas. Je ne veux pas m’inquiéter de ce que je vais faire par la suite. Quand le moment sera venu, je suis sûre que je trouverai quelque chose. Désormais, je veux me concentrer à 100% sur le tennis, c’est tout ce qui me rend heureuse en ce moment. »

En ce qui concerne ses différents passages par le bloc opératoire, la joueuse croate préfère retenir sa quatrième opération, la dernière. « La dernière intervention était une chirurgie vraiment compliquée, une reconstruction du ligament ulnaire, seulement 80% des athlètes se rétablissent », a-t-elle expliqué. « C’est deux fois plus laborieux pour un joueur de tennis ou de baseball, mais le médecin m’a dit que c’était ma dernière option, alors il a décidé cela en cinq minutes. Je lui ai dit d’aller de l’avant et le lendemain, nous avions déjà un rendez-vous, c’était deux heures et demie d’opération. Je sais que mon coude ne sera plus jamais normal, c’est quelque chose que j’ai dû accepter, mais c’est super important d’accepter la réalité. » Classée n°20 mondiale à la WTA en 2017, son cauchemar a commencé cette année-là juste après l’US Open. Depuis, elle a brillé par son absence, ne gagnant que deux rencontres sur six jouées en 2018, puis trois défaites en autant de rencontres en 2019 et enfin, en revenant sur le circuit ITF, un bilan de treize victoires pour cinq défaites en 2020. Ce que l’on ne savait pas jusqu’à cet entretien publié sur le site de la WTA était l’origine de cette blessure, déjà présente quand la Croate était encore chez les Juniors. « J’ai passé quatre saisons à jouer avec la douleur en Juniors, mais personne ne m’a dit qu’il y avait vraiment une raison de me faire opérer », s’est souvenue Ana Konjuh. « À cette époque, je pouvais supporter la douleur, jouer avec. J’aurais probablement subi une intervention chirurgicale si j’avais su à quel point cela allait se passer des années plus tard. Il y a eu des moments très difficiles, à être continuellement déçue, à essayer encore et encore, de croire que vous faites tout correctement, tout ce dont vous avez besoin pour être en bonne santé, mais à la fin, votre corps vous rappelle à nouveau que vous ne l’êtes pas. »

Rappelons-nous que la joueuse de 23 ans était promise à un très bel avenir après avoir remporté le titre à l’Open d’Australie et à l’US Open, chez les Juniors, à seulement 15 ans. Quelques mois plus tard, elle a effectué ses débuts sur le circuit WTA, à 16 ans, et a même remporté son premier titre professionnel à 17 ans, à Nottingham, sur gazon. Pendant qu’elle était sur la touche, d’autres joueuses de la même génération (Belinda Bencic, Naomi Osaka, Jelena Ostapenko ou encore Daria Kasatkina) ont grandi et sont devenues des stars. « Je ne peux pas dire que je suis jalouse d’elles, car je suis très fière d’appartenir à cette génération et de voir tout ce qu’elles ont réalisé », a déclaré l’actuelle 338ème mondiale. « Dans les moments où vous récupérez, il devient très difficile de regarder le tennis. Même si j’étais très heureuse pour toutes ces joueuses, je voulais aussi avoir cette opportunité de concourir. On peut être adversaires sur le terrain et amies en dehors, c’est essentiel. En fin de compte, nous avons grandi ensemble depuis que nous sommes enfants, nous nous sommes motivées pour être meilleures, mais nous sommes toujours restées ensemble. »
Après avoir surmonté la douleur et ses doutes, Ana Konjuh s’est qualifiée ce jeudi pour le troisième tour du tournoi WTA 1000 de Miami, profitant ainsi de l’invitation que le tournoi lui a offert. Fait curieux, le Britannique Andy Murray (n°119) a été contraint de se retirer à Miami, lui qui continue toujours de lutter contre ses fantômes, même s’il a partagé sa douleur dans un documentaire qui a marqué l’esprit de la joueuse croate. « J’ai pleuré quand je l’ai vu, il y a eu de nombreux moments qui m’ont rappelé moi-même », a-t-elle expliqué. « C’est difficile à expliquer, mon rêve était de consacrer le plus de temps possible au tennis, je me sens comme une joueuse de tennis du début à la fin, j’ai donné toute ma vie pour ça. Maintenant, tout ce dont j’ai besoin est de pouvoir terminer ma carrière à ma manière, quand je le décide. Ce que je ne voulais pas, c’était arrêter, car avec le temps, j’aurais sûrement pensé : ‘Et si j’avais essayé ?’« Après avoir éliminé l’Américaine Madison Keys (n°19) en deux sets 6-4, 6-2 au deuxième tour ce jeudi, Ana Konjuh tentera désormais de se qualifier pour les huitièmes de finale. Cependant, elle aura fort à faire face à la vainqueur du dernier Roland-Garros, la Polonaise Iga Swiatek (n°16).
Crédit photos : @WTA, @tiebreaktennis_, @TickTockTennis
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