On ne bat pas les trois premiers joueurs mondiaux par hasard. Tout au long de son parcours victorieux à Londres, Daniil Medvedev (n°4) a su adapter son plan tactique pour dominer Novak Djokovic (n°1) en phase de poules, puis Rafael Nadal (n°2) en demi-finales et enfin Dominic Thiem (n°3) en finale. À chaque fois, le Russe a su développer un jeu qui a gêné et fait déjouer ses adversaires. Analyse de ce qu’il a mis en place dimanche en finale pour venir à bout de l’Autrichien.
Ça commence à se savoir : le Russe Daniil Medvedev (n°4) est un fin tacticien, et il peut se montrer dangereux pour ses adversaires même quand il est mené. Le joueur de 24 ans l’a encore prouvé ce dimanche, en finale des ATP Finals de Londres, en dominant l’Autrichien Dominic Thiem (n°3) en trois sets 4-6, 7-6 (2), 6-4. Une fois de plus – comme en demi-finales face à Rafael Nadal (n°2) -, il était mené en début de partie, mais il a su renverser la vapeur. Comment a-t-il fait pour empêcher Dominic Thiem de remporter un deuxième titre majeur en 2020 ? La réponse est simple : il a su monter au filet, notamment derrière son service, se lançant dans une sorte de roulette russe dont il est sorti vainqueur.

En effet, Daniil Medvedev a utilisé le service-volée au cours de cette rencontre, notamment derrière sa deuxième balle : il a pris le filet d’assaut sept fois sur son deuxième service, pour six points gagnés, rien que ça ! C’est d’ailleurs souvent derrière cette deuxième balle que le joueur russe s’est montré très fort. Par ailleurs, sur les points importants, il a semblé que les choses se sont toujours déroulées de la même manière. Prenons ce point à trois jeux partout, 30/40 sur le service de Medvedev dans le deuxième set. Le Russe sert alors une deuxième balle assez faible mais avec un bon kick, autour des 130 km/h. Thiem a alors avancer pour frapper un coup droit, mais il n’a eu d’autre choix que de le slicer, la balle étant très basse. C’était cadeau pour Medvedev, qui a pu conclure le point en sa faveur et éviter le break. Deux points plus tard, Medvedev sauvait une nouvelle balle de break en faisant service-volée mais, grâce à un ace, il n’allait pas avoir besoin de jouer le point au filet. Sur l’ensemble de la partie, le Russe a fait seize fois service-volée, remportant treize points grâce à cette tactique. En somme, plus le point est important, plus il se rue vers le filet.

Si on regarde toutes les montées au filet de Daniil Medvedev sur les deux heures et quarante-deux minutes de jeu, il est monté 48 fois, pour un impressionnant taux de réussite de 79%. Rien que dans le deuxième set, il a remporté 21 des 27 points qu’il a joués au filet (78%). Le succès de la stratégie de service-volée du vainqueur des ATP Finals semble tout droit sorti du livre de Patrick Rafter. La clé est de frapper le deuxième service avec beaucoup d’effet, la balle se déplaçant lentement dans les airs mais remontant très haut autour des épaules du relanceur. Le service plus lent est en fait un avantage pour Medvedev, car il lui donne plus de temps pour se rapprocher du filet. Ajoutez à cela le fait que Dominic Thiem s’est éloigné de sa ligne de fond (il était assez souvent cinq à six mètres derrière), cela a donné au joueur russe encore plus de temps pour se rapprocher du filet et couper les angles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il utilise cette tactique. Déjà, contre Rafael Nadal en finale de l‘US Open en 2019, il avait usé 29 fois du service-volée, avec un taux de réussite de 76%. Ce qui avait poussé l’Espagnol dans un cinquième set de tous les dangers. Ce style de jeu moderne développé par Medvedev mélange un jeu de fond de court agressif, ainsi qu’un jeu d’attaque sur la moindre balle courte. Et c’est avec ce style de jeu qu’il vient de remporter le plus gros titre de sa carrière.

Crédit photos : @atptour
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