Ce mercredi, Benoît Paire (n°25) a pu disputer sa rencontre du premier tour au tournoi ATP 500 de Hambourg, alors même qu’il avait à nouveau été positif au Coronavirus ! Positif à l’US Open, évincé du tournoi, puis négatif à son retour en Europe pour disputer le Masters 1000 de Rome, le Français n’y comprend plus rien. Les règles ne semblent pas claires et, pour son mental de joueur de tennis, c’en est trop.
Ce mercredi, Benoît Paire (n°25) est donc entré en lice au tournoi ATP 500 de Hambourg après un nouveau test positif à la COVID-19 ! Seulement, contrairement à ce qu’il s’était passé lors de l’US Open, il a pu entrer sur le court… C’est à n’y rien comprendre et pour l’Avignonnais, cela pèse mentalement. Résultat : un abandon après seulement 46 minutes de jeu, alors que le Norvégien Casper Ruud (n°30) menait 6-4, 2-0. Tout cela n’est ainsi pas rassurant à quelques jours du début de Roland-Garros, où le règlement semble être très strict, comme on a pu le voir avec plusieurs joueurs évincés des qualifications. Dans tout ce fiasco, Benoît Paire semble complètement perdu, comme il l’a déclaré en interview, dans des propos relayés par nos confrères du quotidien L’Equipe. Ainsi, il explique comment il a pu être positif lors d’un test en Allemagne, après avoir contracté le virus aux États-Unis. « Le problème, c’est que tu peux avoir des restes du virus sur tes tests, qui faussent le résultat », a déclaré le joueur français. « Quand je suis arrivé à Hambourg vendredi dernier et que l’on m’a indiqué que j’étais à nouveau positif au Covid, je n’ai pas compris. Comment est-ce possible que je fasse un test négatif deux jours avant Rome et qu’à Hambourg, je sois positif ? Si tu as des restes, tu as des restes. Moi j’ai eu deux tests d’affilée à Hambourg, les deux positifs, alors qu’à Rome je ne l’étais pas. » Il a ensuite expliqué pourquoi, même en étant testé à nouveau positif, il a pu jouer sur les courts en terre battue de Hambourg. « En Allemagne, la règle est différente », a-t-il poursuivi. « Une fois que tu as eu le virus et que tu as fait ta ‘zone’ de quarantaine de sept-dix jours, à partir de ce moment-là tu n’es plus contagieux, même si tu as encore le virus. On peut retrouver des petites traces du virus, sans que tu sois contagieux. Donc, on m’a dit : ‘Tu as le droit de jouer le tournoi.’ Je n’ai pas compris, car pour moi la règle ATP est que si tu as un test positif, tu es exclu du tournoi. Mais l’ATP m’a laissé jouer. »

Perdu dans toutes ces règles, Benoît Paire a voulu mettre l’accent sur une chose : mentalement, gérer le virus en étant joueur de tennis est usant. « Je suis fatigué », a confié l’Avignonnais. « À Hambourg, j’avais seulement le droit de sortir une heure et demie par jour de ma chambre. Après dix jours à New York, je me retrouve encore confiné. Mais j’ai eu le droit de venir au club, m’entraîner une heure sur place et jouer mon match ! Comment veux-tu que je sois bien dans ma tête, sachant qu’on me redit de rester dans ma chambre et qu’en même temps l’ATP accepte que je joue le tournoi ? » Une situation très inconfortable, où les incohérences se bousculent, et qui est difficilement gérable pour le 25ème joueur mondial, qui n’a pu disputer un « vrai » match depuis la reprise du tennis à Cincinnati. « Je passe mes journées au téléphone pour essayer de comprendre », a ajouté Benoît Paire. « J’ai eu la Fédération qui m’a expliqué que oui, normalement, on n’est pas contagieux quand on l’a une deuxième fois. Mais alors pourquoi ce n’est pas la même règle à Roland-Garros, pourquoi c’est différent dans chaque pays ? Le système allemand est plutôt bien fait, d’après ce qu’ils disent sur la contagion. Mais alors pourquoi n’applique-t-on pas cette même règle partout pour les joueurs de tennis ? À un moment donné, si on n’est pas contagieux, je ne vois pas pourquoi ce serait dangereux pour les autres joueurs. Je ne comprends plus rien. Je suis fatigué mentalement, fatigué nerveusement. »

Ce qui peut poser problème au joueur tricolore pour la suite de la saison, c’est s’il a de nouveau un test positif à Roland-Garros, où il se rendra ce jeudi dans la journée. Sera-t-il exclu Porte d’Auteuil s’il est testé positif au Coronavirus une fois de plus ? « Mon test est légèrement au-dessus de la jauge », a-t-il expliqué. « Soit tu es à la limite négative, soit tu es à la limite positive. En France, la règle c’est que si tu es à la limite positive, tu es exclu. Donc j’ai à peu près une chance sur deux d’être positif. C’est comme à la roulette, rouge ou noir ? Rouge, je joue, noir, je ne peux pas jouer ! Je vais arriver là-bas, passer le test, rester 24 heures dans ma chambre. Je ne vais pas dormir en attendant le résultat. Pour savoir si je rentre chez moi ou si je peux aller m’entraîner au club, en attendant le prochain test, où ça sera encore pile ou face. Pour moi, ça devient ingérable mentalement. Le tennis ce n’est pas ça. Ce n’est pas rester enfermé dans une chambre pendant vingt-deux heures et demie. Je trouve que ce n’est pas juste. À un moment donné, ceux qui sont négatifs vont pouvoir faire ce qu’ils veulent, alors que c’est peut-être une erreur de test. Soit on est juste avec tous les joueurs, soit on a une règle générale. Si j’arrive à Roland-Garros, que je suis positif et qu’on applique la règle, tous les cas contacts avec qui j’ai été à Hambourg devraient être exclus. J’en suis désolé, mais à un moment donné, l’ATP m’autorise à venir sur le club, à jouer le tournoi en ayant été testé positif ! » Concernant son abandon face à Casper Ruud, l’explication de Benoît Paire est simple : confiné à New York, puis à nouveau à Hambourg, il n’a pas le temps de s’entraîner correctement et de se refaire une caisse physique après de longues semaines de confinement au printemps dernier. « Je sens que j’ai du mal à respirer, du mal à bouger », a expliqué le Français. « Je tape bien la balle, mais je crache mes poumons à chaque fois que je fais un rallye ! C’est normal quand on reste enfermé dans une chambre. Je fais de mon mieux, mais ça devient compliqué. Comment tu fais pour te refaire une caisse, quand on te dit que tu n’as pas le droit de t’entraîner plus d’une heure ? Hier (mardi, ndlr), je n’ai tapé qu’une demi-heure, pour aller voir un peu le match de Fognini et on est venu me voir pour me dire de rentrer à l’hôtel ! Si je n’ai même pas le droit de voir le soleil une demi-heure, dites-le-moi tout de suite. Je n’ai qu’une hâte, c’est que la saison s’arrête, que ça reprenne sur un circuit normal ou alors que ça ne reprenne pas. Jouer des tournois comme ça, sur une question de chance, je ne trouve pas cela normal et juste. »

Benoît Paire est même allé plus loin. Son cas n’est pas légion, et un climat d’insécurité par rapport au virus règne actuellement sur le monde du tennis. « Tout le monde est fatigué, nerveux, inquiet », a confié le joueur de 31 ans. « Le sentiment général est très mitigé sur la reprise. Les tribunes vides à l’US Open, les tests, les virus, les positifs, les faux négatifs, les groupes qui se créent, etc. Ce n’est pas bon pour le tennis en général. C’est bien financièrement, mais quand tu arrives dans un stade et qu’il n’y a personne, ce n’est pas pour ça qu’on joue au tennis. On joue au tennis pour ressentir des émotions, pour partager du bonheur avec les gens. Là, on ne partage rien du tout ! On se retrouve avec des robots qui nous annoncent des balles fautes. Pour moi, ce n’est pas du tennis. On joue parce que financièrement c’est bien, pour la plupart des joueurs, c’est le cas. Mais quand tu parles avec eux, ils sont tous fatigués et hésitent après Roland-Garros à continuer. Ce n’est pas le tennis qu’on aime. Quand tu vois la finale de l’US Open, c’est la finale la plus triste de ma vie que j’ai regardée. Je n’ai rien contre les deux joueurs, qui sont tops. Mais il n’y a aucune ambiance, il n’y a rien, tu te retrouves au tie-break du cinquième set et il n’y a pas un bruit. Pour moi, ce n’est pas du tennis. » En route pour Paris ce jeudi, l’Avignonnais risque de passer quelques mauvais jours avant le début du tournoi, en attendant les résultats des tests qu’il devra passer avant de s’engager dans le tournoi de Roland-Garros. S’il peut jouer, ce qui est loin d’être fait… « Je vais aller à Roland, faire le test, voir ce qui se passe, mais dans ma tête, je suis fatigué », a-t-il conclu. « Qui me dit que même si je suis négatif demain (jeudi, ndlr), dimanche quand je vais repasser le test, je ne serai pas positif ! Je vais m’entraîner en me disant qu’à tout moment, je peux être exclu quand même. Tu ne rentres pas sur le court de la même façon. Si c’est pour me trouver un petit bout de virus que j’ai eu dans mon nez il y a trois semaines… À un moment donné, ce n’est juste pas de chance. »
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