Nicolas Mahut (n°213) revit habituellement à cette période de l’année. En effet, il se sent toujours très bien sur ce fameux tapis vert, une surface qui sied parfaitement à son jeu. De là à dire qu’il est le dernier spécialiste sur gazon ?
Si on regarde plusieurs années en arrière, le gazon était une surface prédominante dans le monde du tennis. Trois des quatre tournois du Grand Chelem se disputaient sur cette surface, signe indubitable de son importance. Le tennis est né à la fin du XIXème siècle sur cette surface naturelle, dans des familles riches, avant qu’il ne se propage au monde entier. Depuis, d’autres surfaces se sont imposées, comme le ciment (beaucoup moins cher à produire et à entretenir), qui est devenu la norme. Petit à petit, le gazon a donc dû laisser sa place et les spécialistes se sont faits plus rares.

Dans l’ère moderne, la saison sur gazon a ainsi été réduite à quatre semaines : deux semaines d’adaptation après Roland-Garros, et deux semaines allouées à Wimbledon, le plus prestigieux des tournois du Grand Chelem. Depuis quelques années, une troisième semaine a été rajoutée avant le début de la compétition au All England Club, comme pour redorer le blason de cette surface vivante. Cependant, la réalité est toute autre : l’homogénéisation des surfaces, la baisse de vitesse des principaux terrains sur gazon et l’évolution des matériaux et des raquettes ont fait disparaître tous les spécialistes du gazon. Tous ? Peut-être pas, et le dernier survivant qui joue encore à 38 ans est un Français.

Ce joueur, c’est notre compatriote Nicolas Mahut (n°213), qui grâce à sa pratique du double pratique encore en simple le service-volée. Une pratique qui tend à se faire oublier, même du côté de Roger Federer (n°4), qui le pratique bien moins de nos jours que lors de ses premiers titres à Wimbledon. Et avec le ralentissement du gazon, on peut même voir des terriens comme Guido Pella (n°35) parvenir en quarts de finale au All England Club (comme ce fut le cas en 2019). Ce qui est étonnant, en revanche, c’est de voir que le joueur français, en simple, n’a remporté des titres que sur gazon. Voilà qui le rend particulier sur le circuit ATP. D’autant plus que les six finales qu’il a jouées ont toutes été… sur gazon, là aussi ! Ainsi, Mahut s’est imposé trois fois à ‘s-Hertogenbosch (2013, 2015 et 2016) et une fois à Newport (2013), où il avait également perdu la finale en 2007 face à son compatriote Fabrice Santoro. Enfin, il avait disputé et perdu la finale du Queen’s en 2007 également (face à Andy Roddick, au jeu décisif du troisième set). Si on fait le bilan de sa carrière, Nicolas Mahut a un bilan négatif en termes de ratio victoires/défaites, sauf sur gazon, où il compte 62% de victoires.

Ces chiffres montrent bien que l’Angevin n’est pas qu’un spécialiste de double, ni le joueur à avoir perdu le plus long match de l’histoire à Wimbledon en 2010. Il reste un joueur extrêmement dangereux sur gazon, avec un jeu basé sur un service très puissant au T et un des meilleurs revers du circuit. Sans être un joueur qui joue à 100% en service-volée, il est au même titre que l’Espagnol Feliciano López (n°56) ce qui se rapproche le plus de nos jours d’un spécialiste du gazon. Si Nicolas Mahut a mis du temps à remporter son premier titre sur le circuit ATP, il reste le recordman de victoires au tournoi ATP 250 de ‘s-Hertogenbosch, et un beau vainqueur en double à Wimbledon (en 2016, avec son compatriote et ami Pierre-Hugues Herbert). Et le seul regret qu’il peut avoir dans cette saison 2020 tellement particulière, c’est qu’il est déjà sûr de ne pouvoir retrouver sa surface favorite. Jusqu’à l’année prochaine, où il aura à cœur de montrer que même à l’approche de la quarantaine (sans mauvais jeu de mots), il reste un sérieux client quand il s’agit de jouer au tennis sur gazon.
Crédit photos : @places_tennis, @infosportplus, @Sport24Team, @canal_tenis
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