Vous ne connaissez certainement pas cette joueuse de 21 ans, née en Algérie. On doit vous avouez que nous non plus, nous ne la connaissions pas avant de voir la vidéo qu’elle a postée sur YouTube, en guise de lettre ouverte au n°3 mondial, l’Autrichien Dominic Thiem. Ce dernier avait eu des mots durs à l’encontre du fonds de soutien financier aux joueurs les moins bien classés, notamment mis sur pied par les membres du Big 3.
Son nom est donc Inès Ibbou. Elle est née en Algérie, il y a 21 ans, et elle est actuellement 620ème mondiale au classement WTA. Elle n’a remporté que deux titres dans sa jeune carrière, sur le circuit ITF, le dernier remontant déjà à 2017. Mais alors, pourquoi parler d’elle ? Pour une vidéo qu’elle a partagée sur ses réseaux sociaux, en réponse aux propos tenus par Dominic Thiem il y a quelques semaines sur ce qu’il pensait du fonds de soutien financier aux joueurs les moins bien classés, notamment défendu par Novak Djokovic (n°1), Rafael Nadal (n°2) ou encore Roger Federer (n°4). À travers son histoire, son expérience, ses sacrifices et montrant la vraie réalité de ce sport, Inès Ibbou a ému une grande partie du monde du tennis en soulignant que l’Autrichien avait tort.
Désirant partager ses origines et son histoire personnelle, voici comment Inès Ibbou débute sa lettre ouverte : « Cher Dominic, après avoir lu vos dernières déclarations, je me demandais quelle aurait été ma carrière, et donc ma vie, si j’étais à votre place. Oui, qu’est-ce que cela fait d’être Dominic Thiem ? Alors je me suis mis à m’imaginer ce que c’était que d’avoir des parents entraîneurs de tennis. Comme j’ai grandi à la périphérie d’Alger dans une famille très modeste avec des parents qui n’avaient rien à voir avec le tennis, je ne peux m’empêcher de penser que cela aurait pu aider mais je ne vous en veux pas. » Loin de se plaindre de ses conditions de vie et de renier le pays où elle est née, la jeune joueuse de 21 ans a tenu à adresser un message particulier à ses parents à travers cette vidéo. « Je me rends compte maintenant à quel point je suis bénie d’avoir des parents comme les miens, que j’aime plus que tout, et que j’échangerais pour rien au monde.Vous savez, dans un pays comme le mien, ce n’est pas évident d’être une athlète. »

Soutenue par des images d’archives de ses entraînements lorsqu’elle était plus jeune, Inès Ibbou évoque ensuite le soutien quasi inexistant des instances en Algérie, pointant le fait qu’il n’y a quasiment pas de juniors dans son pays et aucun événement, que ce soit au niveau ATP/WTA ou même ITF. Elle évoque également le manque de courts indoor pour parler des conditions d’entraînements différentes d’autres pays. Des conditions qui ne l’ont pas freinée, comme elle l’explique : « Mais ne vous y méprenez pas. Cela ne m’a pas empêché de construire ma propre voie et même d’être l’une des meilleures joueuses du monde à l’âge de 14 ans. » Elle évoque même son premier titre sur le circuit ITF, sur fond d’images tournées à Roland-Garros, acquis en 2013 à cet âge-là à Tlemcen (Algérie). L’Algérienne évoque ensuite son quotidien actuel sur le circuit ITF, sans coach qui la suit sur chaque tournoi, où elle dépense son argent pour ne gagner que quelques points et quelques dollars. Elle dit d’ailleurs rêver pouvoir un jour gagner assez d’argent pour offrir un cadeau à ses parents, qui l’ont toujours soutenue.

Avant de parler des problèmes financiers qu’une joueuses classée au-delà de la 500ème place mondiale peut rencontrer. « Le court devrait décider de l’issue de ma carrière, pas mes finances. C’est totalement injuste. Je dois faire avec tous les jours sans me plaindre, me battant constamment tous les jours, en silence. » À la fin de sa lettre ouverte, Inès Ibbou insiste sur une chose : les joueuses et les joueurs les plus mal classés ne sont pas à l’initiative du fonds de soutien. L’idée est venue de joueurs qui gagnent beaucoup d’argent et veulent e montrer solidaires en ces temps difficiles. « Cher Dominic, juste un rappel : nous n’avons pas survécu jusqu’à aujourd’hui grâce à votre argent, et personne ne vous a jamais rien demandé. […] Aider les joueurs, c’est aider le Tennis à survivre. » Avant de conclure par une phrase remplie d’émotions : « Dominic, je vous l’ai dit, nous ne vous avons rien demandé. Sauf un peu de respect pour notre sacrifice. Des joueurs comme vous me font garder mes rêves. S’il vous plaît, ne les gâchez pas. »
Crédit photos : @InesIbbou
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