Le début de saison 2020 avait été exceptionnel pour le jeune joueur français Harold Mayot. Vainqueur de l’Australian Open chez les Juniors, n°1 mondial de la catégorie, il commençait même à progresser sur le circuit seniors, jouant des tournois en Futures et en Challenger, et progressant au classement ATP. Actuellement 454ème mondial à 18 ans, la crise liée au coronavirus l’a stoppé dans son élan. Confiné à Metz, il a accepté de se livrer sur cette période délicate pour nos confrères d’Eurosport.
Quand un joueur est interrogé en cette période de confinement, il devient de coutume de lui demander où il se trouve, ce qu’il fait de ses journées et comment il vit cette période pour le moins étrange. À ce sujet, Harold Mayot (n°454) n’a pas caché qu’il est en famille, sans aucun accès à un court de tennis pour, comme certains, garder les automatismes. « Je le passe (le confinement, ndlr) chez moi, près de Metz, en famille, avec mon père, ma belle-mère et mes deux frères », a déclaré le jeune joueur à nos confrères d’Eurosport. « Je n’ai pas accès à un terrain de tennis donc pour garder le contact avec la balle, j’ai installé une petite bâche entre deux arbres, dans le jardin. Et j’essaie de m’entretenir au mieux physiquement. Je fais des footings, dans la limite de l’heure quotidienne à laquelle on a droit, j’ai également des appareils de musculation chez moi. Je n’ai pas de plan précis à suivre, mais j’essaie de tout faire pour être prêt autant que possible quand le circuit reprendra. »
D’ailleurs, quand le circuit reprendra, le Messin devra rapidement reprendre le rythme qui était le sien en ce début de saison, lui qui a remporté un Grand Chelem chez les Juniors, puis a notamment atteint deux quarts de finale en Challengers, à Pau et à Bendigo, en Australie, où il a battu au passage son premier Top 100 (le Biélorusse Egor Gerasimov). Il a également fait ses premiers pas sur le circuit ATP au tournoi ATP 250 de Marseille au mois de février dernier, montrant une progression qu’il devra reprendre à zéro le jour où le tennis pourra reprendre. « Oui, bien sûr, c’est un peu dommage », a-t-il répondu quand il a été interrogé sur cette progression stoppée nette. « Mais je crois qu’aujourd’hui, le sport passe vraiment en second plan. Il y a des gens qui meurent tous les jours de ce virus, nous vivons une crise sanitaire mondiale et la priorité doit être de la solutionner. Après, on verra. Moi, en plus, j’habite dans l’Est, l’une des régions les plus touchées en France. Alors ce qui me préoccupe le plus aujourd’hui, c’est la santé de ma famille. » En parlant de santé, Harold Mayot n’a pas caché qu’il a été très malade lors qu’il était en Chine en fin de saison dernière. A-t-il contracté le virus ? Il n’en sait rien, vu qu’il n’a pas été testé, mais voici ce qu’il pense : « Je pense que j’ai été touché moi-même en fin de saison dernière lorsque je suis rentré de Chine (pour le Masters Juniors, ndlr). J’ai eu une grosse grippe, je n’étais vraiment pas bien pendant quelques jours. Je ne sais pas si c’est cela ou pas, je n’ai pas fait de test, mais cela correspond au moment où l’épidémie a probablement démarré en Chine. En tout cas, tout est rentré dans l’ordre et aucun de mes proches n’a ensuite eu des symptômes. »
Comme beaucoup d’acteurs du tennis, le jeune joueur tricolore n’a pas pu échapper à la question concernant le report de Roland-Garros au mois de septembre, qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. « C’est compliqué d’avoir un point de vue dans ma position extérieure », a expliqué Mayot. « Je ne suis pas un joueur du Top 100, je ne rentre pas dans les tableaux de Grand Chelem, je ne suis pas impliqué dans ces discussions. Ce que je peux dire c’est que, pour moi, Roland-Garros représente évidemment un tournoi super important. C’est un peu notre effigie, il faut la protéger et c’est une bonne chose que la FFT essaye de le faire. On a la chance de pouvoir décaler à cette période de l’année, à l’inverse de Wimbledon qui, en raison de la spécificité du gazon, ne pouvait se jouer qu’en été. » Concernant le jeu, la période de reprise du tennis et l’idée que la saison 2020 pourrait être déjà terminée, le Messin a également tenu à réagir, comme il l’a par ailleurs déjà fait sur les réseaux sociaux. Ainsi, il va contre l’idée de Gerard Tsobanian, le patron du Masters 1000 de Madrid, qui préconise d’annuler purement et simplement l’année 2020. « Je trouve cette idée complètement absurde, oui », a précisé le Français. « Je prends ça pour un manque de respect par rapport aux joueurs qui ont eu de bons résultats en début d’année et qui ont déjà engagé beaucoup de frais dans ce début de saison. Personnellement, si on m’enlève les points de janvier et février, je redescends 700ème. C’est dur, quand même… Pour les joueurs dans mon cas, qui se battent pour grappiller des points et essayer de monter dans la hiérarchie, ce ne serait vraiment pas très juste. […] Moi, je ne vois absolument pas comment on peut effacer des résultats déjà acquis. Ou alors, si l’on décrète que 2020 est une année blanche, il faut que tout le monde reparte de zéro. Et je ne crois pas que ce soit possible. Sinon, là, pour le coup, on peut s’attendre à une révolution des joueurs. Demandez à Novak Djokovic s’il accepte qu’on lui retire son Open d’Australie… »
En attendant que le tennis puisse reprendre, Harold Mayot doit donc, comme tout le monde, prendre son mal en patience. Tout ce que nous pouvons lui souhaiter, c’est qu’il reprenne sa marche en avant quand le monde ira mieux et que le tennis pourra reprendre. Car il est peut-être un des espoirs du tennis français, qui ne manque pas d’ambition, comme nous vous l’avions présenté au mois de décembre dernier.
Crédit photos : @Eurosport_FR, @FFTennis, @TeregaOpen
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