Certains se disent que Rafael Nadal va souffrir, en terme de classement et de records, si la saison sur terre battue est amputée à cause du Coronavirus… D’autres pensent que c’est un mal pour un bien pour Roger Federer, forcé à l’arrêt pour cause de blessure… Ce à quoi personne ne semble penser, c’est que la plupart des joueuses et des joueurs de tennis peinent déjà à joindre les deux bouts en temps normal. Avec un circuit à l’arrêt pendant au moins six semaines, quel sera l’impact sur ces joueurs-là ?
Ce n’est plus qu’une question d’heures pour que les événements soient officialisés. Selon nos confrères du quotidien L’Equipe, dont les informations sont corroborées par plusieurs médias à travers le monde – dont le New York Times -, les instances officielles de l’ATP et de la WTA devraient annoncer ce jeudi la mise sur pause du tennis pendant au moins six semaines. Si cela mettra un coup d’arrêt au circuit principal, si cela aura des conséquences sur l’aspect compétitif des meilleurs joueurs du monde, ils s’en remettront. Ils vont s’entraîner, comme ils le font entre deux saisons, pour garder la forme et être capables d’enchaîner les matches quand la situation se sera améliorée. En ce qui concerne les joueuses et les joueurs habitués aux circuits secondaires, en revanche, l’histoire est toute autre. En effet, si le circuit Challenger et le circuit ITF sont également stoppés pendant plusieurs semaines, ces joueuses et ces joueurs n’auront aucune rentrée d’argent. Déjà que pour certains, ils peinent à joindre les deux bouts sur une année complète, là les conséquences pourraient être désastreuses.
Depuis plusieurs jours déjà, les conséquences du Coronavirus se font ressentir dans plusieurs sphères du tennis, pas seulement à Indian Wells où un des plus gros tournois du circuit a été annulé cette semaine. Par exemple, si vous suivez un minimum le circuit Challenger, vous avez déjà pu remarquer qu’à Nur-Sultan, au Kazakhstan, plusieurs situations inédites se sont produites cette semaine, toujours à cause du Coronavirus. Premièrement, les organisateurs du tournoi n’avaient pas assez de joueurs pour faire un tableau qualificatif, réduit à… trois joueurs. Les qualifications n’ont donc pu avoir lieu, ces trois joueurs étant finalement admis dans le tableau principal. Par ailleurs, plusieurs joueurs ont déclaré forfait au dernier moment, ce qui a eu pour conséquence un nombre incroyable d’Alternate dans le tableau principal. Enfin, ce mercredi, des joueurs français et allemands, dont Enzo Couacaud (n°178) – qui avait déjà souffert des conséquences du Coronavirus en ne pouvant pas disputer la finale du Challenger de Bergame – ont dû déclarer forfait pendant le tournoi. La raison de tout ce capharnaüm est simple : le Kazakhstan a ajouté l’Allemagne, la France et l’Espagne à la liste des personnes interdites sur son territoire. Ainsi, les joueurs des pays cités ont dû quitter le pays précipitamment sous peine d’être mis en quarantaine pendant quatorze jours ! « Nous avons été informés que l’Allemagne était surclassée en 1B, quoi que cela signifie », a expliqué Mats Moraing (n°268), un des joueurs allemands concernés par ces mesures drastiques. « Nous avons ensuite appelé le consulat allemand et ils ont dit qu’il y avait une très forte probabilité que nous soyons mis en quarantaine au Kazakhstan à partir de jeudi. L’ATP nous a également dit que nous devrions quitter le pays si possible. Bien sûr, nous nous sommes enfuis aussi vite que possible. »
Et ce n’est pas tout. Depuis mercredi soir, la menace plane sur tout le monde du tennis, avec une mise à l’arrêt de tous les circuits, masculins et féminins, dans les jours à venir. Ce n’est qu’une question de temps avant que cette possibilité soit officialisée. Le Board de l’ATP s’est réuni ce mercredi soir, et la WTA devrait suivre. Ce qui signifierait pas de tennis jusqu’au 27 avril… Ce qui aura des conséquences désastreuses, sur le plan économique, pour toutes ces joueuses et tous ces joueurs professionnels qui baroudent de semaines en semaines sur les circuits dits secondaires. Les fans de tennis ne s’en rendent pas forcément compte mais pour ces joueurs, pas de match signifie pas de rentrée d’argent. Alors qu’ils en sortent, de l’argent, devant parfois payer un entraîneur et une équipe qu’ils ont construite autour d’eux pour mener à bien leur projet tennis. Comme l’a si bien souligné Jérémy Chardy (n°59) dans les colonnes du quotidien L’Equipe : « Toute l’économie souffre et nous aussi, on va souffrir. Si on annule comme ça notre cinquième plus grand tournoi de la saison (Indian Wells), c’est qu’on peut s’attendre à des moments difficiles. […] Je ne sais plus si je suis au chômage, en congé paternité ou tennisman. En fait, je fais tout sauf mon métier de base. […] On perd de l’argent si on ne joue pas. Beaucoup de joueurs veulent en parler. Ce n’est pas de notre faute ce qui arrive. Si beaucoup de tournois sont annulés, ça peut être difficile quand on n’est pas salarié. » Sur Eurosport, l’ancien joueur Arnaud Di Pasquale a par ailleurs ajouté : « Si les joueurs sont au chômage technique, aucune assurance ne viendra les aider. » Enfin, comme nous avons pu le voir ici ou là sur Twitter, certains préfèrent prendre les choses avec le sourire (même s’ils doivent en rire jaune). Voici deux tweets des Français Julie Gervais (n°409) et Alexandre Muller (n°245), qui avec leur classement feront parti de ceux qui souffriront le plus d’une mise sur pause du tennis…
Le dernier problème pour ces joueurs parfois dits « de seconde zone » (expression que nous nous garderons d’utiliser) : ils n’ont pas toutes les informations dont disposent les top players. Ainsi, Novak Djokovic (n°1) a déjà quitté les États-Unis, alors que rien n’a été officialisé concernant le Masters 1000 de Miami ou la mise en pause de toutes les compétitions de tennis. Ce qui n’est pas du goût du Japonais Taro Daniel (n°112), qui a écrit sur Twitter : « Djokovic quitte donc les États-Unis avant que tout autre tournoi après Indian Wells ne soit annulé ou reporté. Quelles informations me manque-t-il ? » De son côté, l’Américain Noah Rubin (n°224), qui oeuvre activement pour les droits des joueurs des circuits secondaires, a ajouté : « Être dans le flou est commun désormais dans ce monde. Continuons à dire à quelques privilégiés ce qui se passe tandis que les autres ne font que deviner. » Peut-on lui donner tort tant la situation reste floue ?
Crédit photos : @Orangesportsfr, @NickMcCarvel
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