À l’heure où des questions émergent de plus en plus sur la perte d’attrait du tennis auprès des fans, le mois de février apparaît comme un mutant dans un calendrier déjà surchargé. En effet, en l’absence de Grand Chelem ou de Masters 1000, le mois le plus court de l’année reste celui où se jouent le plus de tournois, concentrés sur quatre semaines complètement folles. Ce qui n’est pas sans conséquences…
Dès la première semaine du mois de février, le ton est donné : trois tournois sur trois continents différents, joués sur trois surfaces qui ne sont pas les mêmes (Pune sur dur, Montpellier en indoor et Cordoba sur terre battue). Ce sera comme ça durant tout le mois, avec une tournée sur terre battue en Amérique latine qui est de plus en plus boudée par les spécialistes de la surface, et des tournois qui souffrent de forfaits de dernière minute. Il est à noter que le deuxième mois de l’année est le seul qui ne propose ni Grand Chelem, ni Masters 1000 (ou Masters). Et pourtant, c’est un des plus denses…
Février fait ainsi figure d’exception, où habituellement il existe des périodes consacrées au dur, à la terre battue, au gazon ou à l’indoor, le tout organisé selon une cohérence géographique. Ce chois est par exemple complètement assumé par l’ATP depuis la grande refonte du calendrier en 2008, sous la présidence d’Étienne de Villiers. « Il y a la tournée australienne, nord-américaine, asiatique, européenne, etc. Depuis la refonte du calendrier, on considère que février est le mois de la tournée internationale », a déclaré Jean-François Caujolle, le directeur de l’Open 13 de Marseille, pour nos confrères d’Eurosport. « Cela permet aux joueurs, qui rentrent d’une tournée australienne très longue et assez particulière, de revenir jouer près de chez eux, sur leur surface de prédilection, et ainsi de retrouver quelques repères, sportifs ou familiaux… Pour moi, cette tournée internationale est plutôt une bonne chose. D’ailleurs, hormis Federer, Djokovic et Nadal qui ont besoin de souffler, tout le monde joue en février. » Selon nous, c’est bien là le cœur du problème : les joueuses et les joueurs n’ont pas d’autre choix que de jouer, au risque de faire souffrir encore et toujours leurs organismes.
Trop de tournois, résultant sur trop de forfaits…
Comme le soulignait si bien l’entraîneur Sven Groeneveld sur son compte Twitter il y a quelques jours, la principale conséquence de cette densité au mois de février est la suivante : il y a beaucoup de forfaits, d’une semaine à l’autre, de la part de joueurs ayant réussi une belle performance la semaine précédente. Des exemples, on peut aisément en trouver au cours du mois écoulé. Ainsi, le Norvégien Casper Ruud (n°38), vainqueur du tournoi ATP 250 de Buenos Aires, a déclaré la semaine suivante pour le tournoi ATP 500 de Rio de Janeiro, ce qui l’a empêché de capitaliser sur sa première victoire sur le circuit ATP. Par ailleurs, le Serbe Filip Krajinovic (n°33), demi-finaliste du tournoi ATP 500 de Rotterdam, a dû se retirer la semaine suivante du tournoi ATP 250 de Marseille. Et c’est sans parler des joueuses et des joueurs qui ont des contre-performances après un bon tournoi, parce qu’il est difficile d’enchaîner d’une semaine sur l’autre. L’exemple le plus récent est celui du Japonais Yoshihito Nishioka (n°48), finaliste dimanche à Delray Beach, aux États-Unis, et qui a ensuite faite le déplacement jusqu’à Dubaï pour… perdre dès son entrée en lice ce mardi face au Français Pierre-Hugues Herbert (n°78) en deux sets 7-5, 6-2.
Sur le circuit WTA, le problème est sensiblement le même, bien qu’il y ait moins de tournois qui soient disputés. Cependant, trois tournois WTA Premier s’enchaînent sur trois semaines qui restent denses pour les joueuses. Ainsi, aucun tournoi n’est à l’abri d’un forfait de dernière minute. Comme le tournoi WTA Premier de Doha, qui se dispute cette semaine au Qatar, et qui a vu Simona Halep (n°2) renoncer à effectuer le déplacement après avoir bataillé dur pour remporter le tournoi WTA Premier de Dubaï la semaine dernière. Qui pourrait lui en vouloir ? On note aussi que peu de joueuses disputent les trois tournois qui se suivent, entre Saint-Pétersbourg, Dubaï et Doha. Et elles ont peut-être raison de ne pas mettre leur santé physique en danger en voulant en faire trop… Ainsi, la n°1 mondiale Ashleigh Barty, pour ne citer qu’elle, a choisi de ne faire le déplacement qu’à Doha.
On le voit, le problème posé par ce mois de février est plus que complexe. Comme l’est la question du calendrier, considéré depuis longtemps comme trop chargé. Et tant que les instances du tennis et les joueurs ne se mettront pas autour d’une table pour en discuter et faire changer les choses, nous assisterons encore et encore à ce type d’aberrations, qui malheureusement ne sont pas faites pour attirer de nouveaux fans à notre sport.
Crédit photos : @infosportplus
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3 réflexions au sujet de “Débat – Alors que les joueurs(ses) se plaignent d’un calendrier déjà surchargé, y a-t-il trop de tournois en février ?”