Analyses

Pourquoi nous refusons de suivre la nouvelle formule de la Coupe Davis…

par Yannick Giammona

Sur ce blog, il est extrêmement rare que je parle en mon nom. Mais là, il fallait que je prenne la parole, parce que je suis en total désaccord avec ce que les instances du tennis ont fait de la Coupe Davis. Ainsi, j’adresse là quelques mots à ce sport qui me passionne depuis plus de vingt ans…


Mon cher Tennis, je me demande encore ce que tu as fait… Pourquoi avoir changé le format de cette compétition centenaire qu’est la Coupe Davis, qui attirait les foules et les ferveurs des nations ? Pourquoi avoir calqué le futur format de la Fed Cup sur ce changement appelé de toute pièce par l’argent ? Je ne comprends toujours pas… Et voilà pourquoi, sur ce blog et sur nos réseaux sociaux, nous avons décidés de ne pas relayer cette compétition, qui n’a plus rien à voir avec la Coupe Davis telle que nous l’avons connue. Car oui, cette Coupe Davis, nous avons vibré pour elle, pas plus tard que ces dernières années. Et depuis bien longtemps encore…

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Je m’en souviens encore, c’est grâce à cette compétition que j’en suis venu à m’intéresser au tennis. Mon premier contact avec la Coupe Davis remonte à 1996, quand la France avait remporté son deuxième Saladier d’Argent, à Malmö. Je découvrais alors Cédric Pioline, Arnaud Boetsch, Guy Forget et le capitaine Yannick Noah. Pour tout vous dire, je n’avais pas vu les matches à la télévision mais tous les journaux en parlaient. J’étais donc tombé dessus et plus tard, j’avais vu les images, la ferveur populaire et la joie des joueurs et du capitaine. Je m’étais alors intéressé à la première victoire de l’équipe de France, en 1991 à Lyon. À partir de là, le mal était fait : je n’allais plus jamais quitter le tennis, une de mes plus grandes passions.

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Mon cher Tennis, après avoir évoqué ce premier souvenir, je me demande encore pourquoi tu acceptes ce changement, si ce n’est par appât du gain. Depuis ce premier contact avec la Coupe Davis, tous les ans j’ai vibré pour l’équipe de France. Rien à voir avec les victoires de Pete Sampras ou Roger Federer, mes deux joueurs préférés, que j’ai également suivies depuis des années. Non, avec la Coupe Davis (et la Fed Cup, parce que là aussi je suis les équipes de France depuis plus de vingt ans), c’est différent. On devient fiers d’être Français, d’avoir des joueurs qui sont prêts à tout pour mouiller le maillot. Je me souviens, en 2002, j’ai pleuré avec Paul-Henri Mathieu, un joueur que j’adorais déjà à l’époque. Et que dire de la victoire en Australie, en 2001. Si tu savais, mon cher Tennis, que j’ai veillé toutes les nuits pour suivre les matches, alors que je n’avais que 17 ans. Je m’en souviens comme si c’était hier, le dimanche je n’avais pas dormi pour suivre la victoire finale de Nicolas Escudé et le matin, je jouais un match par équipe, en double. Jamais je n’ai joué avec autant de pêche, porté par cette victoire historique de nos joueurs français. Petite parenthèse sur les victoires en Fed Cup de 1997 et 2003 : je les ai également suivies, avec autant de ferveur…

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Je ne parle que des finales et des victoires, mais je peux t’assurer, mon cher Tennis, que j’ai suivi toutes les rencontres avec autant d’envie. Que j’ai souvent été déçu, quand la France perdait au premier tour, en quarts de finale ou en demies. Mais jamais je n’ai cessé de supporter nos joueurs. En 2010, j’ai été déçu de voir nos Frenchies perdre face à la Serbie de Novak Djokovic. Encore une fois, le dimanche, je disputais un match par équipe. Dans le club-house du club où l’on jouait, la télévision était allumée. J’ai eu du mal à quitter l’écran pour aller disputer ma partie. Je ne me souviens plus du résultat de ma rencontre mais je me souviens de la déception de voir Mickael Llodra perdre le cinquième match… Et que dire de la douloureuse défaite de 2014, face à la Suisse. Celle-là a été dure, d’une part parce que je suis un grand fan de Roger Federer et que j’aime beaucoup Stan Wawrinka. Mais j’aime aussi Gaël Monfils et Richard Gasquet, ainsi que tous nos Français. J’étais heureux de voir Monfils battre Federer le premier jour, je m’en rappelle comme si c’était hier. Je rentrais du travail, j’allumais ma télévision et au son des premiers échanges, je me doutais que « la Monf » ferait un excellent match. Ce qui n’avait pas suffi, mais l’aventure n’était pas terminée.

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Et en 2017, j’y étais. Depuis les tribunes, j’ai eu la chance de voir les demi-finales et la finale, à Lille. Quelles émotions quand, en finale, Lucas Pouille s’effondrait à terre après une ultime faute du Belge Steve Darcis ! Tout le stade était en folie, jamais je n’avais vécu une telle ambiance. J’en avais des frissons, j’étais tellement heureux pour cette équipe… Avoir vécu cela depuis les tribunes restera un souvenir exceptionnel, que plus jamais nous ne pourrons vivre avec cette nouvelle formule tant décriée (et pour cause). Voilà ce qui nous a été volé, à nous passionnés, mon cher Tennis. Voilà pourquoi je te rappelle tous ces souvenirs, sans oublier ceux de 2018 avec la défaite en finale de l’équipe de France, qui aurait pu réaliser un doublé historique. Et sans oublier, il y a quelques jours seulement, la victoire en Australie des joueuses françaises, scellée au double décisif. Avec ces nouveaux formats, je sais que nous ne vivrons plus jamais les mêmes émotions.

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Au moment où je boucle ces lignes, Jo-Wilfrid Tsonga va débuter contre le Japonais Yasutaka Uchiyama. Par curiosité, j’ai allumé ma télévision. Mais la ferveur n’y est plus. L’hymne français s’est joué devant environ 500 personnes, soit une salle aux trois quarts vide… Tous les pays jouent au même endroit, sur la même surface, avec un format en trois matches (deux simples et un double disputés la même journée). J’ai entendu dire ci et là qu’il faut laisser une chance à ce format. Pourtant, je n’arrive pas à m’y résoudre et je rejoins notre confrère Benoît Maylin, qui demande à ce que l’on change le nom de cette compétition. Car pour moi, comme pour d’autres, la Coupe Davis n’est plus, mon cher Tennis… Longue vie aux souvenirs qu’elle nous laisse et s’il vous plaît, trouvez un autre nom pour ce que certains appellent la « Coupe Piqué »…

Crédit photos : @DavisCupFinals, @Sport24Team, @OuestFrance, @FFTennis, @BBCSport

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