Ce dimanche, on a beaucoup parlé des joueuses de l’équipe de France de Fed Cup, avec l’exploit réalisé par Kristina Mladenovic (n°38) et sa belle victoire en double aux côtés de Caroline Garcia (n°45). Des éloges mérités mais attention à ne pas oublier le capitaine. En effet, Julien Benneteau – pour sa première année de capitanat – n’est pas étranger à ce nouveau titre…
L’arrivée de Julien Benneteau, dans un contexte peu favorable
Dans un stade déjà bien vidé des supporters australiens, les Françaises et leur capitaine soulèvent le trophée de la Fed Cup pour la troisième de l’histoire après 1997 et 2003. Après dix jours passés en Australie, Julien Benneteau ne boude pas son plaisir devant l’exploit réalisé par Kristina Mladenovic (n°38) et Caroline Garcia (n°45) en terres australes. Car si Mladenovic est bien l’héroïne de ce week-end après avoir rapporté trois points à elle seule, Benneteau en est l’artisan. Pour sa première année en tant que capitaine de l’équipe de France, il a réussi quelque chose d’exceptionnel. Souvent placé mais jamais gagnant dans sa vie de joueur (dix finales perdues sur le circuit ATP), le Bressan est un de ceux qui sait ce que c’est qu’avoir de l’amour pour le maillot bleu. Dans l’ère moderne, seul Yannick Noah a fait aussi bien que lui, avec ses débuts gagnants à la tête de l’équipe de France de Coupe Davis en 1991, et de celle de Fed Cup en 1997.
Pourtant, c’était loin d’être gagné. En juin 2018, il récupère une équipe décimée par plusieurs conflits internes entamés en novembre 2016. Presque deux ans d’embrouilles, depuis le retrait de Caroline Garcia après la défaite en finale en 2016 face aux Tchèques. À l’issue de la saison 2016, cette dernière annonce qu’elle ne va pas participer à la campagne de Fed Cup en 2017 pour se concentrer sur sa carrière individuelle. Peu avant d’être appelée à la rescousse par Yannick Noah pour un barrage face à l’Espagne, en avril 2017, Garcia publie un communiqué dans lequel elle explique être absente plusieurs semaines, à cause d’une douleur au nerf sciatique. Réponse de ses potentielles équipières Kristina Mladenovic, Alizé Cornet et Pauline Parmentier sur Twitter ? « LOL » De quoi tendre durablement leurs relations sur le circuit…
Premier objectif : faire revenir Caroline Garcia
C’est dans ce contexte que Benneteau a pris les rênes de l’équipe de France, il y a un an et demi. Avec un discours : « Je suis nouveau, je n’ai aucun antécédent avec vous, j’ai un seul objectif, c’est d’essayer de vous faire vivre l’émotion de gagner la Fed Cup. J’ai eu la chance de gagner la Coupe Davis en tant que joueur et mon objectif, c’est de vous faire vivre cette émotion-là. » Il a donc pour espoir de faire revenir celle qui est encore la n°1 française et a déjà goûté aux joies du Top 10. Ce qu’il parviendra à faire en février lors du premier tour de la Fed Cup version 2019, après une discussion avec Louis-Paul Garcia, le père et entraîneur de la joueuse. « Je me sentais aussi prête à revenir mais il a eu les mots justes. Il a réussi à adapter son discours à chacune », a ainsi expliqué Caroline Garcia. « Je sais le travail qu’il faut accomplir », a poursuivi Guy Forget, qui connaît si bien le rôle de capitaine. « Il a toujours actionné les bons leviers. Par moments, il faut faire le dos rond, parfois il faut discuter même si tu as envie de t’agacer, il faut faire des compromis mais aussi savoir être ferme. Ce n’est pas évident. Franchement, il peut être fier. »
En gros, Benneteau a su être fin psychologue pour que Garcia et Mladenovic mettent leurs vieux conflits de côté et puissent rejouer côte à côte. Et même si Garcia n’a pas pesé bien lourd en simple face à Ashleigh Barty (n°1) ce week-end (défaite 6-0, 6-0 samedi), son impact dans la campagne tricolore a été non-négligeable, notamment en demie face à la Roumanie de Simona Halep. Sans parler du double décisif ce dimanche, où elle a été à la hauteur de l’événement, sortant notamment plusieurs passings sur balles de débreak pour l’Australie dans la deuxième manche.
Un groupe qui s’est construit au fil du temps
Cependant, il ne faut pas croire que tout s’est fait d’un coup de baguette magique. Le retour de Garcia entériné, il a fallu construire un nouveau groupe et mettre tous les conflits de côté. Là encore, ce qu’est parvenu à faire le Bressan est très fort. « Petit à petit, le groupe s’est construit », a ainsi ajouté Benneteau. « Il a fallu partir d’une page blanche. Au-delà de leur victoire en tant que joueuses, ce dont elles doivent être le plus fier, c’est ce qu’elles ont fait en tant que femmes. De février jusqu’à maintenant. Le symbole est magnifique que ce soit Caroline et Kristina qui tombent dans les bras l’une de l’autre par terre. »
Plusieurs moments forts ont donc contribué à cette victoire finale tout au long de al campagne 2019. Le capitaine se souvient de l’annonce de la première sélection à Liège, lors de la victoire face face à la Belgique (3-1), mais aussi de la journée du dimanche à Rouen, où les Tricolores étaient allé chercher la Roumanie après avoir été menées 2 points à 1. « Il y a des moments fondateurs : l’annonce du groupe pour la première rencontre à Liège avec le retour de Caroline ; la journée de dimanche à Rouen », se souvenait-il dimanche à Perth. « Elles ont pris conscience là qu’ensemble elles étaient capables de faire de très grandes choses puisqu’elles ont battu la Roumanie de Halep. Et sur cette finale, elles savaient qu’elles avaient ça en elles. Sur toute la campagne, je me suis appuyé sur un groupe de cinq joueuses. Fiona (Ferro) frappe très fort à la porte et les quatre autres ont toutes gagné au moins un match durant la campagne. C’est magique pour elles. »
Enfin, le capitaine de cette équipe de France a lui-même parlé « d’émotions limite plus fortes » que celles ressenties lors de la Coupe Davis remportée en 2017, raquette en main. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura participé à l’écriture de deux grandes pages de l’histoire du tennis français. Ce qui n’est pas rien quand on sait que désormais, le format de ces deux compétitions par équipe ne sera plus le même…
Crédit photos : @FFTennis
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