Lorsque nous publions une interview, c’est souvent pour vous faire découvrir des joueuses ou des joueurs tricolores trop peu connus à notre goût. Nous devons vous avouer qu’avant qu’il remporte son premier titre professionnel à Sintra, nous ne connaissions pas Lucas Poullain (n°812). Nous l’avons donc découvert peu avant vous à travers ces questions, et ce fut un réel plaisir. En effet, nous avons eu à faire à un joueur qui a la tête sur les épaules et qui s’est lancé il y a peu sur le circuit professionnel. Partez donc avec nous à la rencontre de Lucas Poullain, dont on pourrait encore entendre parler à l’avenir !
Bonjour Lucas, pouvez-vous commencer par vous présenter à nos lecteurs : d’où venez-vous et à quel âge avez-vous commencé le tennis ? Qu’est-ce qui vous a amené à être joueur professionnel ?
Je viens de Pornic, ville au bord de mer en Loire-Atlantique, proche de Nantes. J’ai commencé à jouer au tennis dès l’âge de 5-6 ans grâce a mon père et mon grand frère, tous deux joueurs de tennis. Jouer sur le circuit professionnel n’est pas quelque chose que j’avais en tête depuis petit mais c’est plutôt venu au cours des années, après avoir eu une progression plutôt constante. Cela m’a donné envie de continuer à jouer à un haut niveau et d’investir mon énergie dans ce sport.
Vous êtes donc parti trois ans aux États-Unis, avez-vous pu jouer au tennis comme vous le souhaitiez pendant ce temps et avez-vous progressé différemment qu’en France ?
Après ma licence d’économie-gestion à Nantes, je suis parti aux États-Unis dans l’université de Florida State avec un double enjeu : valider un Master et continuer à progresser tennistiquement, tout en vivant une nouvelle experience. J’ai appris à m’entraîner d’une manière différente, avec une culture de l’entraînement bien différente de celle que j’ai connue en France avec pour ma part plus d’entraînement physique mais moins de précision technique. J’estime avoir beaucoup progressé durant ces trois années et j’ai surtout adoré me battre tous les jours pour une équipe et une université, chose plus compliquée à réaliser en France.
Que pouvez-vous nous dire à propos de votre jeu ? Quels sont vos points forts, et vos points faibles ? Pouvez-vous également nous dire quelle est votre surface préférée ?
Je me décrirais comme un joueur de fond de court, qui aime contre attaquer. Mes points forts sont le revers, le retour et la qualité de déplacement. Mes points faibles sont le coup droit et le service qui sont deux coups beaucoup moins « naturels » pour moi. Ma surface préférée est le dur.
Dimanche dernier, vous avez remporté votre premier titre professionnel à Sintra. Parlez-nous de cette semaine victorieuse au Portugal et de ce que vous avez ressenti après la balle de match en finale.
C’était une semaine très compliquée au niveau des conditions de jeu, à cause du vent qui soufflait énormément tous les jours, sauf le dimanche pour la finale. Beaucoup de joueurs ont craqué à cause des conditions, car cela a rendu des matchs très bizarres et pas très jolis à regarder pour les spectateurs (impossible de jouer son meilleur tennis dans ces conditions). J’ai essayé toute la semaine de me frustrer le moins possible en essayant simplement de jouer de la manière qui me ferait gagner des matches… Cela a payé puisque que je suis arrivé jusqu’en finale sans jouer du grand tennis mais en jouant intelligemment et en laissant les adversaires se frustrer. Les conditions étaient parfaites le jour de la finale, ce qui a enfin permis de faire un très bon match et j’ai réussi à l’emporter en trois sets. Après la balle de match, j’ai ressenti beaucoup de joie et aussi un peu de soulagement de se dire que j’ai remporté mon premier tournoi pro.
Ce titre pourrait en appeler d’autres, est-ce que cela vous donne un supplément de motivation pour continuer à progresser et jouer au niveau professionnel ?
Bien sûr que remporter un titre donne de la motivation supplémentaire et aussi beaucoup de confiance. Cela me donne envie de continuer à travailler dur pour progresser et essayer d’enchaîner les bonnes performances. Je crois que la confiance est primordiale pour espérer aller plus haut, alors c’est toujours bon d’engranger des victoires.
Si on regarde le classement ATP, vous êtes aujourd’hui 812ème joueur mondial. Accordez-vous de l’importance au classement, ou est-ce juste un chiffre pour vous ?
C’est important, bien sûr, mais je ne me focalise pas dessus. J’essaye de faire de mon mieux pour progresser et si le classement suit, c’est très bien, mais je ne me donne pas d’objectif précis en terme de classement pour l’instant.
Comme tous les joueurs de tennis, vous devez rêver de participer un jour à un tournoi du Grand Chelem. Lequel rêveriez-vous de jouer le plus et pourquoi ?
Roland-Garros ! La terre battue n’est pas ma surface préférée mais pour un joueur français, c’est vraiment un rêve de pouvoir y participer. J’ai grandi en regardant Roland-Garros a la télévision tous les ans et en allant voir quelques matches avec ma famille, donc pouvoir y participer serait un rêve de gamin. Mais j’avoue que jouer n’importe quel tournoi du Grand Chelem, ce serait déjà réaliser un rêve.
Nous savons qu’il n’est pas toujours facile d’être un joueur professionnel financièrement, surtout quand on ne fait pas partie du Top 100. Parvenez-vous à joindre les deux bouts ou l’aspect financier est-il un problème pour vous au quotidien ?
C’est difficile de répondre à cette question parce que je me lance tout juste sur le circuit professionnel, et je n’ai jamais fait une saison entière mais c’est sûr que l’aspect financier est compliqué. Le prize money sur les tournois 15 000 $ et 25 000 $ ne sont souvent pas suffisants pour couvrir toutes nos dépenses. C’est pourquoi on cherche du support à travers les clubs, les ligues et éventuellement des sponsors parce qu’une saison complète sur le circuit pro demande un investissement d’argent énorme. C’est dommage, parce que trop de joueurs doivent arrêter leurs carrières pour des raisons financières alors que ce sont déjà d’excellents joueurs et un peu plus de support ne ferait pas de mal, notamment de la part des instances qui gèrent le tennis professionnel.
Êtes-vous retourner à Nantes depuis votre victoire à Sintra ? Quel a été l’accueil réservé par votre entourage ?
Je ne suis pas encore retourner à Nantes parce que je joue une deuxième semaine au meme endroit ici a Sintra (Lucas a à nouveau atteint la finale ce dimanche, NDLR) mais j’ai reçu beaucoup de messages de felicitations, ce qui fait très plaisir et donne envie de faire plus encore.
Pour finir, pouvez-vous nous donner votre programme pour les semaines à venir ? Dans quels pays et sur quels tournois allez vous évoluer ?
Après cette deuxième semaine au Portugal, je jouerai les championnats de France seconde série à Blois, la semaine prochaine, avant de repartir sur le circuit professionnel. Je pense participer aux tournois 25 000 $ en France à Bagnères-de-Bigorre, Mulhouse puis Plaisir. Ensuite, je repartirai certainement à l’étranger, mais je ne sais pas encore sur quels tournois.
Merci Lucas d’avoir accepté de répondre à nos questions, c’était un vrai plaisir de vous avoir découvert à travers ces questions. Bonne chance pour la fin de saison !
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