Pour certains tournois du Grand Chelem, l’année 2019 est celle d’un changement qui sonne la fin des matches à rallonge. Ainsi, l’Australian Open et Wimbledon ont instauré le tie break au cinquième set chez les messieurs et au troisième set chez les dames. Côté masculin, c’en est fini des matches très long, comme ce fameux record détenu par Nicolas Mahut et John Isner, qui date de 2010. Pourtant, Roland-Garros fait de la résistance et ne veut pas entendre parler de jeu décisif pour mettre fin à ces parties qui prennent alors une toute autre dimension.
Ainsi, Roland-Garros fait une nouvelle fois dans la différence. Dernier tournoi du Grand Chelem à se doter d’un toit (qui devrait être installé à la fin de l’édition 2019 pour une première sortie en 2020), le tournoi parisien est aussi le seul des quatre Majeurs à ne pas avoir encore instauré le tie break dans le set décisif. Les Américains pourront une nouvelle fois nous railler, eux qui ont instauré le jeu décisif à l’US Open depuis 1970. Cette année, ce sont les deux autres tournois du Grand Chelem qui ont sauté le pas. L’Australian Open a donc instauré depuis janvier dernier un super tie break, joué en dix points, à 6-6 au cinquième ou troisième set, alors qu’à Wimbledon, à partir de juin prochain, le jeu décisif se jouera si le score atteint 12-12 dans le set décisif. « Si nous savons que les matches qui durent dans le cinquième set sont rares, nous pensons qu’un tie-break à 12-12 atteint le point d’équilibre où les joueurs auront eu assez de temps pour prendre l’avantage dans le match, tout en garantissant que la rencontre s’achève dans des délais raisonnables », avait expliqué en décembre Philip Brook, membre de l’instance ayant pris cette décision au All England Club. La question qui se pose alors, c’est pourquoi Roland-Garros continue à faire de la résistance ?
Pour mieux comprendre, il faut se tourner vers Guy Forget, ex-n°3 mondial devenu aujourd’hui directeur du tournoi de Roland-Garros. L’ancien joueur français n’a qu’une crainte : que ces matches à rallonge, s’ils n’en sont plus, se décident sur un coup de dés. Il estime donc que le Grand Chelem parisien peut bien continuer à survivre quelques années sans instaurer de jeu décisif dans le cinquième ou le troisième set. Ainsi, comme il l’a expliqué à nos confrères du quotidien L’Equipe en réponse aux décisions prises en Australie et en Grande-Bretagne : « Je trouve dommage que chaque Grand Chelem instaure un règlement différent. Mais c’est la responsabilité de l’ITF d’avoir validé trois formes de tie break différentes à l’US Open, à Wimbledon et en Australie. Notre sport a besoin d’homogénéité. Et d’être compréhensible pour le grand public. » Forget met le doigt sur un élément important : la compréhension pour le public. Si vous suivez le tennis tout au long de l’année, il est vrai qu’il y a de quoi être perdu ! Même nous, pour écrire cet article, avons dû effectuer une petite recherche pour être sûrs de ne pas nous tromper… Ceci étant dit, les instances du tennis français ont tout de même pensé à instaurer ce fameux tie break. « On l’a évoqué, bien sûr, avec Bernard (Giudicelli, président de la FFT) et le comité de pilotage du tournoi », a ajouté Forget. « Pour le moment, on n’y touche pas. En fait, notre débat est : ‘Doit-on changer quelque chose qui marche bien ?’ Par définition, on a plutôt envie de dire non. » Spectateurs, soyez donc rassurés : le record de Fabrice Santoro et Arnaud Clément, qui avaient joué le match le plus long Porte d’Auteuil en 2004 (6h33, sur deux jours, pour se départager au premier tour 6-4, 6-3, 6-7, 3-6, 16-14) peut encore être battu !
Crédit photos : @rolandgarros, @Javier_Panzardo, @lequipe
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2 réflexions au sujet de “Roland-Garros: toujours pas de jeu décisif au cinquième set à l’horizon…”