Si sur les courts les semaines et les tournois se passent comme prévu, en interne le circuit masculin est mouvementé. Une lutte des pouvoirs est lancée, à laquelle Novak Djokovic (n°1) prend largement part, ce qui ne plaît pas vraiment à des légendes du jeu toujours actives comme Rafael Nadal (n°2) ou Roger Federer (n°3). Le Serbe, qui a donné son avis sur la composition du board cette semaine en conférence de presse, se montre même omnipotent dans les négociations. Petit point sur ce qu’il se passe en coulisses…
Les coulisses du tennis masculin traversent donc une zone de turbulences depuis plusieurs semaines. Dans cette crise, le n°1 mondial Novak Djokovic semble jouer un rôle de premier plan. Tel un bon polar où le suspense et les retournements de situation sont de mise, le circuit ATP connaît des remous sans précédents. Et pour comprendre ce qui se trame, il faut s’intéresser au rôle joué par le Serbe. Ce n’est plus vraiment un mystère, en tant que président du conseil des joueurs, il oeuvre depuis longtemps pour tenter de refaçonner le tennis masculin et sa structure de gouvernance : l’ATP.
En marge du Masters 1000 de Madrid, un directeur de tournoi s’est exprimé sur le Serbe, déclarant notamment : « Djokovic a une très forte personnalité et il a toujours eu une vision générale du jeu, de ce qu’il voudrait faire du circuit. Il ne s’en cache pas. » Pour résumer le projet de Djokovic, qu’il avait d’ailleurs présenté à Monaco il y a quelques années, il s’agit de donner plus de pouvoir aux joueurs, afin notamment de redistribuer plus d’argent, et de limiter le pouvoir des tournois et notamment des Masters 1000, alors que les deux cohabitent au sein de l’ATP.
Pour arriver à ses fins, Djokovic manoeuvre et il le fait parfois brutalement. Sa dernière victime ? L’actuel patron de l’ATP, le Britannique Chris Kermode, qui quittera ses fonctions à la fin de la saison 2019 à la suite d’un vote du board de l’ATP au début du mois de mars, où les trois représentants des joueurs ont fait bloc contre lui. Un scrutin où beaucoup y ont vu la mainmise du Serbe, qui ne siège pourtant pas au board. À ce sujet, le même directeur de tournoi a ajouté : « Il a obtenu ce qu’il voulait. Il ne s’entendait pas avec Chris (Kermode), les deux n’étaient plus capables de trouver des compromis. » Soupçonné d’avoir pris position pour les tournois, donc contre les joueurs, Kermode, qui a pourtant participé à l’augmentation des prize-money pour les joueurs depuis 2014, n’a pas survécu aux ambitions du Serbe. « Cela montre qu’il ne faut pas se trouver sur sa route« , a ajouté la même source, plutôt séduite d’ailleurs par le plan du Serbe, moins par la méthode.
L’affaire Kermode, qui a eu lieu pendant le Masters 1000 d’Indian Wells, avait surpris pas mal de monde. Cela a permis de voir que ce qui se tramait n’était pas du tout du goût de Roger Federer etdeRafael Nadal, très loin d’apprécier l’attitude de Djokovic. Les deux légendes du tennis n’ont d’ailleurs pas caché leur agacement. « Pour être clair, ils ne peuvent pas se saquer. Federer, Nadal et Murray se respectent, mais Djokovic ce n’est pas leur tasse de thé« , a commenté un connaisseur du circuit. De quoi donner une idée de la belle ambiance qui règne dans les vestiaires ! Mais récemment, le plan du Serbe a connu un accroc de taille : le départ de l’un de ses alliés au sein du board pour les joueurs, l’Américain Justin Gimelstob. Condamné fin avril par un tribunal de Los Angeles après avoir tabassé un ex-ami lors de la fête d’Halloween, sa position était devenue intenable. Il avait pourtant tenté de s’accrocher au poste, ce qui avait choqué plusieurs joueurs, parmi lesquels Andy Murray.
Le Suisse Stan Wawrinka s’est également fendu, quelques jours après ce départ, d’une lettre ouverte dans le Times, dans laquelle il a écrit, à propos de l’ATP : « le problème ne vient pas de la structure mais de la nature des gens qui la composent ». Son compatriote Roger Federer est revenu sur ce dossier ce dimanche à Madrid, en ouvrant la porte à un possible retour de Kermode au board suite au départ de Gimelstob. Là encore, pas vraiment de quoi se rapprocher du Serbe qui disait lundi qu’il espérait qu’il y aura « des candidats de qualité venant du monde du tennis, d’autres sports, mais aussi d’ailleurs ». En tout cas, le poste de Gimelstob n’a jamais été autant convoité, avec pas moins d’une quinzaine de candidatures, selon un proche du board. Le directeur du tournoi interrogé d’ailleurs conclu en déclarant: « Cela veut bien dire que quelque chose ne tourne pas rond en ce moment. »
Crédit photos : @BasialD, @RC_Sports, @balrajshulka
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