En fin de semaine dernière, nous apprenions que Chris Kermode, le président de l’ATP depuis 2014, n’avait pas été réélu à la tête du tennis masculin et qu’il quittera ses fonctions à la fin de son mandat, après la saison 2019. Un départ semble-t-il poussé par plusieurs joueurs, dont Novak Djokovic. Ce qui semble créer des tensions avec deux autres légendes du jeu, encore sur les courts et qui n’ont apparemment pas eu leur mot à dire : Rafael Nadal, mais surtout Roger Federer…
Un président poussé vers la sortie par… Novak Djokovic
Dans un communiqué publié jeudi dernier, l’ATP (organisateur du circuit masculin mondial) a annoncé en marge du Masters 1000 d’Indian Wells que son président, Chris Kermode, n’avait pas été réélu à la tête de l’institution. Il quittera donc ses fonctions au terme de son mandat, à la fin de l’année 2019. Président de l’ATP depuis 2014, le Britannique de 54 ans avait œuvré en faveur de meilleures dotations pour les tournois et il a été l’instigateur des Next Gen ATP Finals, le Masters réservé aux joueurs de moins de 21 ans. La décision de ne pas reconduire Chris Kermode en tant que président a été prise à l’issue d’un vote, qui réunissait trois représentants des organisateurs de tournois, ainsi que trois représentants des joueurs. Si l’issue a été défavorable pour l’actuel patron du tennis masculin, le détail des votes n’a toutefois pas été communiqué. Indéniablement, l’ATP s’est considérablement renforcée sur le plan économique sous ses six années de mandat, enregistrant des contrats de sponsoring records. Mais pourtant, Kermode était depuis quelques mois sous le feu des critiques de la part de certains joueurs, en tête desquels un certain Novak Djokovic (n°1).
Déjà en janvier, pendant l’Australian Open, une réunion du conseil des joueurs s’était tenue pour remettre en question la tête dirigeante de l’ATP, selon les informations relayées par The Telegraph. Le média anglais disait savoir que la gestion des acteurs du circuit n’était plus jugée satisfaisante par une partie des joueurs dont le Canadien Vasek Pospisil (n°114). Des critiques partagées par le président du conseil des joueurs, le Serbe Novak Djokovic… Le n°1 mondial pourrait avoir eu un rôle majeur dans le départ du président de l’ATP, mais il n’a pas souhaité s’éterniser sur la question. Interrogé vendredi dernier en conférence de presse à Indian Wells, il a simplement déclaré : « Il est temps pour nous d’envisager une nouvelle direction sur le circuit. » Avant d’ajouter, en parlant de problèmes structurels de l’ATP : « Selon moi, l’organisation présente un véritable défaut. Le Board est composé de trois représentants de joueurs et trois représentants des tournois, et le président a souvent la tâche de trancher. Trop souvent nous avons à faire à des conflits d’intérêts. La position du président est souvent impossible à tenir. Il faudrait que nous réfléchissions à la structure même de cette gouvernance. »
Nadal et Federer sont en accord, mais il existe des tensions avec Djokovic
Dès janvier, les positions de Djokovic n’avaient pas fait l’unanimité. Chris Kermode avait ainsi été soutenu par des joueurs comme Rafael Nadal (n°2), Stan Wawrinka (n°40) ou encore Nick Kyrgios (n°33). Il y a donc bien un désaccord entre les joueurs. Celui-ci a resurgi jeudi dernier lorsque le Serbe a été interrogé sur les reproches qui lui sont formulés, de ne pas avoir suffisamment discuté avec les joueurs pro-Kermode, dont Nadal en premier lieu. « Je respecte son opinion », a déclaré Djokovic. « Je ne lui ai pas parlé depuis des semaines mais cela marche dans les deux sens. Si Rafael (Nadal) et Roger (Federer) souhaitaient me parler, ils auraient pu venir me voir (…) La structure du circuit fonctionne comme ça. Nous sommes leurs représentants. » Des reproches qui se sont accentués suite à la conférence de presse, ce lundi, de Roger Federer (n°4) à Indian Wells.
D’après le Suisse, le Serbe n’aurait pas souhaité le rencontrer pour évoquer le vote à venir. Roger Federer a exprimé son incompréhension dans les choix de Djokovic à la tête du conseil des joueurs. Un rôle que l’homme aux 20 titres du Grand Chelem connaît pour l’avoir déjà occupé par le passé. Federer avait manifesté son souhait de s’entretenir avec le n°1 mondial sur la question du gouvernant de l’ATP. Un souhait que le Serbe n’avait pas exaucé : « J’ai essayé de lui parler mais malheureusement il n’avait pas le temps. C’est difficile à comprendre… », a ainsi déclaré le Suisse. Un refus déjà essuyé par Nadal, de nouveau rencontré par Federer : « Rafael (Nadal) est venu prendre un café à la maison. On est sur la même longueur d’onde. C’est important pour nous deux (…) Le conseil des joueurs représente tous les joueurs. Mon téléphone reste toujours allumé, mais je n’ai pas eu le moindre message. » L’incompréhension pourrait donc faire place à un réinvestissement de l’espace politique du tennis mondial du côté de Roger Federer, qui n’exclut pas de reprendre des fonctions. « Peut-être que je devrais m’investir un peu plus à l’avenir », a-t-il ajouté ce lundi. « Je voulais prendre des informations ces derniers jours. » Quoiqu’il en soit, la bataille pour la tête de l’ATP pourrait désormais sortir du sentier battu des courts.
Crédit photos : @ladh, @bestgug, @cyblesoleil
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