Classé 108ème mondial à la fin de la saison 2018, habitué des Challengers jusque-là, Félix Auger-Aliassime a fait une entrée fracassante dans le Top 100 au terme d’un mois de février où son travail aura fini par payer. Reportage sur une pépite qui, c’est tout le mal qu’on lui souhaite, ne débute à 18 ans qu’une carrière qui pourrait être riche en émotions.
Félix Auger-Aliassime, joueur précoce depuis son plus jeune âge
Le Canadien Félix Auger-Aliassime (n°58) a l’habitude d’aller vite, depuis ses débuts. À 14 ans déjà, le Canadien était devenu le plus jeune joueur à remporter un match sur le circuit Challenger. Auger-Aliassime a terminé la saison 2018 au 108ème rang mondial, devenant ainsi le joueur de moins de 19 ans le mieux classé au monde. Il a notamment mis la main sur deux titres professionnels en Challenger, à Lyon (France, terre battue) et à Tachkent (Ouzbékistan, dur extérieur). Il s’est également illustré à d’autres moments, éliminant le Français Lucas Pouille, alors 18ème joueur mondial, lors du Masters 1000 de Toronto en août dernier. Il a aussi remporté des victoires contre trois autres membres du Top 100 : l’Ouzbek Denis Istomin (alors 87ème), son compatriote Vasek Pospisil ( alors 75ème) et le Sud-Coréen Hyeon Chung (alors 23ème). À 18 ans et demi, il est devenu il y a quelques jours le plus jeune membre du Top 100 après avoir atteint la finale à Rio. Aujourd’hui aux portes du Top 50, le jeune canadien ne compte pas s’arrêter là.
Un mois de février clé dans sa progression
Le tournoi ATP 500 de Rio, au cœur d’un mois de février intense, aura été un révélateur pour le Canadien. Sur la terre battue brésilienne, Félix Auger-Aliassime a atteint pour la première fois de sa jeune carrière une finale dans un tournoi d’une telle catégorie. Il aurait même pu devenir le plus jeune vainqueur d’un ATP 500, mais il a perdu en finale face à la surprise Laslo Djere (6-3, 7-5). Mais, même si Rio semble être le plus faible des ATP 500, il n’a pas perdu un set pour parvenir en demies, éliminant au passage la tête de série n°2 Fabio Fognini (6-2, 6-3) au premier tour. Dans le contexte actuel, où le vieillissement de la hiérarchie est une réalité, atteindre la finale d’un tel tournoi à 18 ans demeure une sacrée performance. Sur le circuit ATP, c’est l’acte de naissance de celui que l’on surnomme « FAA ». Mais pour lui, ce titre et cette finale n’étaient pas une priorité. Le protégé de Guillaume Marx et Frédéric Fontang ne raisonne pas sur du court terme. Il voit beaucoup plus loin. « Pour moi, gagner ou pas le titre, ce n’est pas le plus important aujourd’hui, parce qu’à la fin je veux avoir une grande carrière, chaque année », avait-il déclaré après sa victoire en demies contre Pablo Cuevas. « Je ne veux pas qu’on se rappelle de moi pour une finale ou un titre quand j’avais 18 ans. » Pour autant, le joueur de 18 ans avait bien conscience que ce qu’il a vécu n’était pas normal. « C’est incroyable, surréaliste« , ajoutait-il après les demi-finales à Rio. « Je crois toujours en moi mais, honnêtement, je pensais n’avoir qu’une petite chance de gagner parce que Pablo est un joueur incroyable. Il a déjà gagné le tournoi ici, il est très expérimenté. Mais je me suis bien senti et après avoir gagné le premier set, je me suis dit ‘OK, je vais peut-être avoir une chance de gagner ce match‘ ». Suite à ce beau parcours au Brésil, le Canadien aurait pu marquer le pas, mais c’est là qu’il a montré qu’il allait falloir désormais compter avec lui. Lors du tournoi ATP 250 de Sao Paulo la semaine suivante, il s’est fendu d’un quart de finale (à nouveau défait par Djere). Il était alors très attendu à Indian Wells, où il a débuté son Masters 1000 par une victoire face au Britannique Cameron Norrie (6-3, 6-2), ce qui lui offrait un match de gala face à un membre du Top 10.
Un joueur qui avance à pas de géant
Ce samedi, face au n°1 du classement de la Next Gen, Félix Auger-Aliassime a remporté l’une des plus grosses victoires de sa carrière. Il a dominé le Grec Stefanos Tsitsipas (n°10) en deux sets 6-4, 6-2 pour atteindre le troisième tour du Masters 1000 d’Indian Wells. « Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je ne m’attendais vraiment pas à gagner de cette façon », a déclaré Auger-Aliassime sur Tennis Channel après le match. « Mais je croyais en moi-même, je pouvais imposer mon jeu comme je le faisais au premier tour et c’est tout. » Le passage de la terre battue au dur semble donc réussi, et le Canadien pourrait voir plus loin puisqu’il jouera un joueur d’un autre calibre ce lundi en la personne du Japonais Yoshihito Nishioka (n°74). Jusqu’où ira-t-il ? En tout cas, l’un de ses entraîneurs, Guillaume Marx, a commenté les récents exploits de son élève. « Je ne suis pas surpris de ses succès, mais leur ampleur est étonnante, puisqu’il a dû affronter d’excellents joueurs sur terre battue », a-t-il déclaré. « C’est très encourageant. C’est certain que le travail allait finir par payer, car il a eu de très bonnes semaines d’entraînement. […] Je ne crains pas un excès de confiance mais parfois, il y a des hauts et des bas dans une saison et ça fait partie de l’apprentissage. Il doit avant tout continuer de progresser. Il a joué une finale et, maintenant, il s’agira de répéter et d’aller loin dans les tournois. »
Un service amélioré et un joueur qui voit plus loin
Selon l’entraîneur d’Auger-Aliassime, l’amélioration la plus importante dans son jeu s’est manifestée au service et ce, même si celui-ci l’a laissé tomber durant la finale à Rio. Avec un jeu tactique plus solide, il est désormais mieux armé pour croiser le fer avec les meilleurs. « Sur cet aspect, il a beaucoup progressé au cours des derniers mois », a ajouté Marx. « Ce fut difficile dans les deux matches à Rio. […] Il faudra cependant stabiliser le service, surtout quand il aura à s’adapter à une surface de jeu différente. » De son côté, le jeune canadien veut donc voir plus loin, nous insistons sur ce point. Ses déclarations vont toutes dans le même sens, comme quand il a déclaré à Rio : « C’est un autre grand pas vers mon objectif final, je vise les étoiles. Je ne me pose pas de limites, alors je pense que c’est un pas de plus dans ma jeune carrière et mes progrès. » La suite ce lundi soir à Indian Wells, en dernière rotation sur le Stadium 2. En cas de qualification pour les huitièmes de finale, le Canadien pourrait à nouveau croiser celui qui a brisé ses rêves à deux reprises sur terre battue, le Serbe Laslo Djere (n°32), le seul à l’avoir battu deux fois cette année.
Crédit photos : @TVASports, @LP_LaPresse, @RioOpen, @985Sports
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