Frances Tiafoe (n°39), quart de finaliste ce mardi à l’Australian Open, a le lourd fardeau d’élever un tennis américain qui a besoin de grandes figures pour se souvenir de tout ce que cette nation a été par le passé. Il est désormais le fer de lance d’un pays impatient de revoir un grand champion soulever les trophées les plus importants du monde du tennis. Mais connaissez-vous ce jeune espoir de 21 ans, qui a fêté son anniversaire il y a deux jours en battant Grigor Dimitrov (n°21) pour atteindre son premier quart en Grand Chelem ?
Le jeune joueur afro-américain est né et a grandi dans l’État du Maryland, sur la côte Est, des États-Unis. Il joue au tennis depuis l’âge de deux ans. On peut dire qu’il est né sur un court de tennis, car il a dû vivre pendant la majeure partie de son enfance dans le club où travaillait son père. Le Washington Post et le New York Times, deux des médias les plus prestigieux des États-Unis, ont raconté il y a environ trois ans la belle et curieuse histoire de ce joueur.
Les parents de Frances sont des immigrants originaires de Sierra Leone, un pays dévasté par les guerres et la pauvreté. Sa mère, qui travaillait pour les forces armées dans les bureaux du gouvernement, avait l’habitude de dire : « Je devais assister à des funérailles chaque semaine. Aux États-Unis, je cherchais une vie meilleure. » La famille Tiafoe a pu échapper à l’horreur et au massacre de ce pays d’Afrique de l’Ouest et commencer une nouvelle vie, celle qui offre un avenir réel et sécurisé au pays des opportunités par excellence. Constant Zubairu, tel était le nom de Frances Tiafoe senior, le père du joueur lorsqu’il a quitté la Sierra Leone. Il a été celui qui a indirectement introduit son fils au monde du tennis. Il entra comme travailleur de la construction dans les locaux d’un club de haut niveau de la ville de College Park, dans le Maryland. La magnifique performance de ce travailleur, seul homme noir engagé, lui a valu la gratitude et les remerciements des propriétaires du club. Ils ont permis au père et aux enfants de la famille Tiafoe de vivre dans le club même. La maison faisait à peine 50 mètres carrés et ils utilisaient une civière pour dormir, mais il suffisait à Frances Junior et à son frère jumeau Franklin de grandir dans un environnement intérieur sécurisé, tandis que le père travaillait la nuit à réparer les rails.
Alors qu’il avait à peine deux ans, le petit Frances passait des heures et des heures à regarder des milliers de coups de ceux qui jouaient et pratiquaient le tennis dans ce club d’élite, où les courts sont en terre battue grise. Le directeur du centre de tennis à cette époque, Ray Benton, a déclaré : « On aurait pu dire que Frances était le garçon le plus chanceux du monde. Mais c’était vraiment un pur hasard. Il n’a pas choisi le tennis. Le tennis l’a choisi. » Ils ont non seulement fourni un toit à la famille Tiafoe, mais ils ont également fourni de la nourriture et même payé des tickets de tournoi aux enfants. Bientôt, Frances se démarqua de son frère jumeau. Un de ses premiers entraîneurs, Misha Kouznetsov, se souvient de la faim de jouer du jeune joueur. « Quand il avait 6 ans, il m’a dit qu’il voulait être un grand homme dans ce sport. ‘Je veux être le meilleur des États-Unis’, m’a-t-il dit. » L’entraîneur était de plus en plus surpris par l’évolution et le désir de réussir de l’enfant. Il a promis de l’emmener à un tournoi s’il continuait à suivre cette progression, ce qui n’avait pas tardé pas.
Au fil des ans, la progression de Frances a augmenté de manière exponentielle. Étant encore adolescent, il avait déclaré : « Je n’ai que 16 ans mais j’ai l’impression de jouer au tennis depuis 35 ans. J’ai toujours été sur un court de tennis, toute ma vie. » Les parents de celui qui était déjà un grand espoir du tennis américain ne pouvaient pourtant pas suivre les aventures de leur fils, car ils n’avaient pas de revenus suffisants. « Quand votre fils est le premier joueur du pays dans sa catégorie d’âge, il est très difficile de ne pas pouvoir le vivre. Mais vous devez l’oublier car il n’y a pas de temps pour tout. De toute façon, je dois être reconnaissant », avait déclaré son père. À l’âge de 15 ans, Frances a remporté l’Orange Bowl, le titre le plus prestigieux des moins de 18 ans. Il a ensuite réalisé une brillante carrière chez les Juniors, recevant les éloges de ceux qui le connaissaient bien. Ce fut le cas de Patrick McEnroe, directeur général du développement de l’USTA. « Il est sans aucun doute le véritable élu. Il a tous les outils et un sens complet du jeu. Il sait quel coup choisir au bon moment, quand son adversaire ressent la pression, quand il veut élever le niveau », avait-il assuré.
Après avoir remporté son premier match sur le circuit ATP au tournoi de Winston-Salem en 2015, il s’est fait connaître du grand public au Masters 1000 d’Indian Wells en 2016, quand il avait battu son compatriote Taylor Fritz, qui avait explosé à Memphis, et entraînant le Belge David Goffin au troisième set au tour suivant. Progressant sans frein, Tiafoe a grimpé, est entré dans le Top 100 et à Delray Beach l’année dernière, il remportait son tout premier titre ATP. Cette année, à l’Australian Open, après avoir notamment vaincu le Sud-Africain Kevin Anderson (n°6) et le Bulgare Grigor Dimitrov (n°21) sur son passage, Tiafoe a vécu un rêve. Jusqu’en quart de finale, son premier en Grand Chelem, où Frances n’a rien pu faire face à la puissance de l’Espagnol Rafael Nadal (n°2).
Crédit photos : @JuaniCeballos, @scottmitch10s, @Corentin0806, @AustralianOpen
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Super article sur lui, je ne connaissais pas son parcours, merci !
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De rien, nous avouons que nous avons également découvert tout son parcours personnel grâce à ce tournoi !
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