Si vous suivez le tennis, même de loin, vous avez au moins entendu le nom de Clara Burel une fois cette année. En effet, bien que vous ne soyez pas des férus du circuit Juniors sur lequel elle a évolué une majeure partie de la saison, la jeune joueuse de 17 ans a également joué sur le circuit ITF et surtout, elle a été appelée en février dernier pour préparer la rencontre de Fed Cup, au premier tour, face aux Belges. Une récompense après avoir joué la finale de l’Australian Open chez les Juniors. La Française aurait pu en rester là, mais sa saison 2018 a été exceptionnelle en tous points, montrant que Clara progresse à grands pas pour rattraper le retard qu’elle avait pris dans ses jeunes années sur ses concurrentes du même âge. Aujourd’hui n°1 mondiale Juniors, Clara est prête à voir plus loin et à sauter dans le grand bain du tennis professionnel et de la WTA. Nous verrons vite comment ce jeune talent évoluera, puisque la FFT lui a donné une invitation pour l’Australian Open, chez les grandes cette fois-ci. Retour sur une année exceptionnelle pour la Bretonne et sur les questions qui se posent à elle pour l’avenir…
2018, une année charnière pour Clara Burel
Cette année a été riche et spéciale pour la jeune joueuse tricolore, qui a fêté ses 17 ans en mars dernier. Spéciale parce qu’elle a commencé par une finale en Grand Chelem, lors de l’Australian Open Juniors au mois de janvier, où elle a seulement perdu face à la joueuse de Taipei En Shuo Liang (6-3, 6-4). Mais surtout spéciale parce que ce très beau parcours lui a valu une toute première sélection en Fed Cup, à seulement 16 ans ! En effet, le capitaine Yannick Noah l’a invitée à se joindre à Kristina Mladenovic, Pauline Parmentier et Amandine Hesse lors de la préparation du premier tour que les Françaises allaient remporter face à la Belgique. Clara Burel n’a pas joué, mais cette première expérience forte en émotions l’a certainement aidée à s’affirmer tout au long de la saison, tant sur le circuit Juniors que lors des tournois ITF qu’elle a pu jouer. Après des parcours un peu plus décevants à Roland-Garros et Wimbledon chez les Juniors (défaite au troisième tour à chaque fois), la fin de saison de Clara Burel a été époustouflante, la menant à la place de n°1 mondiale Juniors, ce qui n’était pas arrivé pour une Française depuis… Mladenovic en 2009 !
À partir du mois de septembre, la saison de Clara Burel s’est accélérée. Au début du mois, elle atteignait une nouvelle finale en Grand Chelem, lors de l’US Open Juniors, perdue contre la Chinoise Xiyu Wang (7-6 (4), 6-2). Puis, à la fin de ce même mois de septembre, elle atteignait la finale du tournoi ITF de Clermont-Ferrand (25 000 $), seulement battue par la Néerlandaise Lesley Kerkhove (6-3, 4-6, 6-4). Ce sera son dernier tournoi sur le circuit professionnel cette année, Clara Burel enchaînant les tournois Juniors et les victoires en fin de saison. Aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, à Buenos Aires, la Tricolore a remporté une médaille d’argent, perdant un seul match en finale face à la Slovène Kaja Juvan (7-5, 6-4). Mais surtout, elle terminait l’année en apothéose en s’imposant aux Masters Juniors, en Chine, cette victoire la menant à la place de n°1 mondiale Juniors à la fin du mois d’octobre. Comme le déclarait la joueuse elle-même après cette victoire : « C’est vrai que ça a été dur de perdre en finale à chaque fois, surtout aux Jeux Olympiques donc je suis vraiment contente d’avoir rebondi comme ça, surtout aux Masters. J’avais envie de bien finir l’année et de montrer que je pouvais gagner un titre important. » De son côté, son entraîneur Karine Quentrec, présente en Chine, a apprécié la performance de son élève : « C’est une très belle semaine de la part de Clara, d’autant plus qu’elle était malade en arrivant, elle avait ramené une angine et une grosse fatigue de son retour d’Argentine. Elle a montré des qualités extraordinaires de battante et d’intelligence de jeu, ce qui est rare chez les Juniors. Ce super résultat n’est que le début de sa carrière. A nous le circuit Seniors désormais !«
Fin novembre, Clara Burel se rendait au Mexique pour consolider sa place de n°1 mondiale. Elle y est parvenue, même si elle a perdu en finale face à sa compatriote Diane Parry (6-3, 6-3), qui avait éliminé l’Américaine Cori Gauff (lauréate à Roland-Garros) en quarts de finale, éloignant la menace pour la Bretonne. Il était alors temps de prendre des vacances et de penser à la saison 2019 qui va débuter fort, puisque la désormais 619ème joueuse mondiale au classement WTA a reçu une wild card de la part de la FFT pour l’Australian Open, chez les grandes cette fois…
Pierre Cherret, un DTN conquis et conscient que ce n’est qu’une étape
Le classement final de la Tricolore, assuré après sa finale au Mexique fin novembre, a réjouit Pierre Cherret, le Directeur Technique National. Ce dernier déclarait : « Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu une n°1 mondiale chez les Juniors. C’est une belle récompense pour tous les gens qui ont formé cette joueuse, pour son club, sa ligue. Je pense aussi à la présidente de la ligue de Bretagne, Marie-Christine Peltre, qui est très active sur le suivi de Clara, sur les échanges avec ses parents. Clara a fait le choix de partir assez tôt de chez elle. Elle est d’abord allée à l’INSEP lorsqu’elle avait avait 14 ans, puis après deux ans de formation, elle est venue au CNE. C’est aussi encourageant pour nous, à la DTN, car cela valide nos efforts de formation chez les filles. Je voudrais en profiter pour remercier Alexandra Fusai, qui s’occupe du tennis féminin chez les jeunes. Elle a impulsé quelque chose et cela commence à porter ses fruits. Au dernier US Open, nous avions six joueuses dans le tableau final, cela n’était pas arrivé depuis 10 ans ». Par ailleurs, le DTN conseille désormais à la jeune joueuse de 17 ans de « savourer le moment ». Car cette place de n°1 était un objectif exigeant, mais aussi une condition pour aller voir plus haut. Comme a ajouté Pierre Cherret : « Clara nous a dit après son Masters qu’elle voulait quitter les Juniors. Nous avons répondu : ‘tu n’as pas encore gagné de Grand Chelem, tu as encore les quatre à jouer l’an prochain. Sauf si… tu finis l’année n°1 ! Si tu veux tirer un trait sur les Juniors, conserve ton rang’. Il y avait trois tournois avant la fin de l’année, elle a consolidé sa place dès le premier. Que dire sinon bravo ? C’était le challenge et elle l’a rempli brillamment ». Cela prouve que Clara Burel est déjà une joueuse de caractère.
La suite pour la jeune bretonne se fera donc du côté des sommets autrement plus élevés de la WTA. Le premier objectif sera de monter le plus rapidement possible au classement afin de jouer les qualifications de Grand Chelem. Si Clara Burel a déjà joué des matchs chez les pros, elle manque encore de références par rapport à des joueuses déjà rodées aux joutes du circuit professionnel. Comme l’a reconnu le DTN : « On ne va pas le cacher, il y a des joueuses de sa génération qui sont déjà bien mieux classées qu’elle à la WTA. Clara a comblé une partie de son retard sur celles qui étaient les meilleures du monde à 14 ans, et qui sont sur le circuit pro depuis un an. Il y a encore un peu de retard sur certaines, mais cela ne veut pas dire du tout que c’est définitif. Clara est brillante et a une vraie intelligence de jeu. Elle est, aujourd’hui en fin d’année, la meilleure joueuse du monde chez les Juniors. Et ce n’est pas anodin. Elle a validé une étape, il va falloir valider la suite. Il y a encore beaucoup, beaucoup de travail. Il n’y a pas de baguette magique, cela passe par de l’investissement, de la détermination et du travail pour passer ce cap ». De son côté, Clara Burel sait que l’étape suivante sera difficile à franchir, mais elle est prête à en découdre, comme elle l’a expliqué en déclarant : « J’ai forcément un peu d’appréhension car je ne sais pas trop où me situer pour l’instant parce que je n’ai pas fait beaucoup de tournois mais j’ai hâte de savoir ce que je vaux sur le circuit« .
Rendez-vous donc dès le mois de janvier à l’Australian Open (Clara effectuera certainement des tournois de préparation sur le circuit ITF auparavant) pour se frotter à la jungle du tennis professionnel et du circuit WTA. Nous verrons alors si la Française, qui a toutes les capacités pour rentrer assez vite dans le Top 100, saura s’adapter au plus vite aux exigences du haut niveau. Kristina Mladenovic, dernière Tricolore à avoir été n°1 mondiale Juniors, pourra alors peut-être l’aider à grandir et à s’imposer dans ce monde extrêmement compétitif.
Crédit photos : @clara_burel, @FFTennis, @BreizhTennisPro, @FranceOlympique, @
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