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Ugo Humbert, la relève française est-elle assurée ?

Quand on parle de l’avenir du tennis français, plusieurs noms sont sur les lèvres. On pense bien sûr en premier lieu à Lucas Pouille, qui a déjà percé au plus haut niveau mais qui accuse un peu le coup, peut-être parce qu’il se sent un peu seul. On entend souvent parler également de trois jeunes joueurs, membres solides du Top 150, qui ont « combattu » cette année pour entrer dans le Top 100 : Quentin Halys, Corentin Moutet et Ugo Humbert. Et ce n’est peut-être pas celui qui rassemblait le plus d’espoirs qui a réussi à émerger le premier et à passer récemment la barre des 100. Pourtant, ce joueur discret a travaillé dur pour en arriver là. Ce joueur, c’est Ugo Humbert, 20 ans et aujourd’hui classé n°99 à l’ATP. Partez avec nous à la découverte d’un joueur sans limites, qui a remporté ses deux premiers Challengers en cinq finales cette année et qui est en course cette semaine pour un troisième trophée. Il pourrait même, avec un peu de chance et de réussite, se placer parmi les meilleurs membres de la Next Gen et participer aux Next Gen ATP Finals de Milan à la fin du mois de novembre…

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Qui est Ugo Humbert ?

Pour les lecteurs qui découvriraient ce jeune joueur, commençons par vous présenter Ugo Humbert. Le Français est né à Metz le 26 juin 1998, il est donc aujourd’hui âgé de 20 ans. Gaucher, il a débuté le tennis à l’âge de 5 ans et il est entraîné par Cédric Raynaud, coach fédéral, depuis quatre ans. Classé 18ème mondial en janvier 2016 au mieux chez les Juniors, Ugo n’a jamais fait de gros coup d’éclat. Il a disputé son premier Grand Chelem Juniors à Roland-Garros en 2015, où il a atteint le deuxième tour (battu par un certain… Stefanos Tsitsipas, aujourd’hui n°16 à l’ATP !). Éliminé au premier tour à l’US Open Juniors en 2015, il n’a guère fait mieux qu’un deuxième tour à l’Australian Open Juniors l’année suivante. Et c’est tout… Comment s’est alors passée la transition avec le monde professionnel pour le Messin ?

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Pour tout vous dire, Ugo Humbert a commencé à disputer des tournois Futures dès 2014, en parallèle de sa carrière chez les Juniors. Ceci explique peut-être cela. Il s’est rapidement mis au contact du monde professionnel, ce qui l’a peut-être empêché de s’exprime chez les Juniors. En outre, cela l’a certainement aidé à se professionnaliser et à progresser plus vite pour avoir une trajectoire linéaire dans ce monde pro où il est si difficile de percer. D’ailleurs, Ugo a atteint sa première finale dans un tournoi Futures à Forbach en octobre 2015. Trop tôt ? Certainement pas pour un joueur rempli d’ambitions. Il aura dû attendre un an et demi pour atteindre une nouvelle finale sur le circuit ITF, à Sharm El Sheikh. Mais, quelques mois plus tard, il décrochait enfin le Graal : son premier titre en Futures, au mois de septembre, à Bagnères-de-Bigorre. Ce fut certainement un déclic pour le Tricolore, qui voyait enfin ses efforts récompensés. Il avait tout juste 19 ans et un beau futur commençait à se dessiner pour lui. Pourtant, pas question de s’enflammer, Ugo repartait tout de suite au combat et enchaînait les tournois. Toujours avec un objectif en tête : progresser. Comme une première récompense, on lui a donné le droit il y a quasiment un an de disputer les qualifications du Rolex Paris Masters. Un Masters 1000, premier contact avec le grand circuit pour le Messin. Et première victoire à laquelle nous avons assisté. Nous découvrions alors un joueur plein de talent, peut-être encore un peu frêle physiquement, mais promis pour nous à un bel avenir. Son tennis s’exprimait à merveille sur les courts en dur de Bercy et même s’il perdait au deuxième tour des qualifications contre le Portugais Joao Sousa, nous avions hâte de suivre son évolution en 2018.

2018 : l’année charnière et l’entrée dans le Top 100

Cette année, Ugo Humbert démarrait par un quart de finale au tournoi Futures de Bressuire, en janvier. Moins d’un mois plus tard, fin février, il remportait son deuxième titre ITF en Suisse, à Bellevue, toujours sur dur. Il s’envolait ensuite au Canada pour enchaîner, pour la première fois de sa jeune carrière, un deuxième titre d’affilée à Gatineau, puis un nouveau quart de finale la semaine suivante à Sherbrooke. Soit douze victoires pour une seule défaite en treize matchs. Nouveau déclic pour Ugo, capable désormais d’enchaîner les belles performances. Pour continuer à progresser, il ne lui manquait plus qu’à tenter l’aventure en Challenger, ce qu’il allait faire une semaine plus tard en rentrant en France.

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À Lille, Ugo a participé au tournoi Challenger et a perdu au deuxième tour. Il pouvait alors se rendre compte de la différence de niveau entre un tournoi Futures et un Challenger. La densité du tennis lui arrivait de plein fouet. Mais sa force, c’est qu’il ne baisse jamais les bras et ne cesse de travailler dans un seul but : progresser encore et encore. De tournois en tournois, il ne parvenait pas encore à exploser, que ce soit sur dur ou sur terre battue, qui n’est pas sa meilleure surface. Il perdait même au premier tour des qualifications à Roland-Garros. Un peu décevant. Pourtant, Ugo n’a pas baissé les bras et il n’a pas hésité à repasser par la case ITF pour reprendre de la confiance. Après Roland-Garros, il n’a pas hésité à partir en Israël disputer un tournoi Futures, sur dur, où il a atteint les demi-finales. Même chose ensuite à Montauban, cette fois sur terre battue. La confiance revenait petit à petit. Ugo Humbert allait même remporter un tournoi Futures sur cette surface, à Bourg-en-Bresse, au mois de juillet. L’été arrivant, avec les qualifications de l’US Open en ligne de mire, il était peut-être temps de retenter l’aventure en Challenger.

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Cette aventure allait débuter au Canada, à Gatineau. Et quelle aventure ! Le Tricolore allait faire deux finales d’affilée, à Gatineau puis la semaine suivante à Granby. Il prenait confiance et se rapprocher petit à petit d’un premier titre en Challenger. Un premier titre qui ne se fera pas attendre plus longtemps. De retour en Europe, Ugo Humbert allait décrocher début août son premier trophée en Challenger en Espagne, à Ségovie. Bilan de ces trois tournois : treize victoires pour deux défaites. De quoi débarquer à New York en pleine confiance pour jouer l’US Open pour la première fois, Ugo s’extirpant des qualifications grâce à trois nouvelles victoires. Il allait ensuite passer un tour pour la première fois en Grand Chelem avant de chuter face à Stan Wawrinka (en lui prenant quand même un set !). Depuis, Ugo n’a cessé de progresser, atteignant une nouvelle finale au Challenger de Cassis, passant un tour au tournoi ATP 250 de Metz et remportant dernièrement un deuxième titre en Challenger en Italie, à Ortisei (en indoor) en battant en finale un membre du Top 100, son compatriote Pierre-Hugues Herbert. Grâce à cette victoire, Ugo entrait pour la première fois dans le Top 100 : il est, cette semaine, 99ème mondial au classement ATP. Une première pour lui dans cette année charnière.

La défaite à Roland-Garros, le déclic qui a tout changé

Revenons un peu sur cette défaite au premier tour des qualifications à Roland-Garros, face au Belge Ruben Bemelmans, alors que la FFT lui avait accordé une wild-card et qu’il était classé 293ème mondial. Cette défaite n’a vraiment pas plu à son entraîneur. « On peut parler d’ultimatum », déclare Cédric Raynaud. « Cette discussion, c’est un déclic. Il avait besoin de ne pas être tiède, mielleux. Il a cru en lui et il s’est lâché. » Entre Cédric et Ugo, c’est une histoire forte, intense. Avec des moments durs. « Je croyais beaucoup en lui, même s’il a été blessé sept mois sa deuxième année à l’INSEP », poursuit Cédric Raynaud. « Tout le monde était sur Geoffrey Blancaneaux parce qu’il venait de gagner Roland-Garros. Ugo était dans l’ombre mais il a travaillé tranquillement. Il a très peu confiance en les autres. Il a son cercle fermé : ses parents – traiteurs réputés sur la place de Metz – Cyril Brechbühl (son préparateur physique) et moi. Ainsi que Rodolphe Gilbert, qui apporte son expertise de gaucher. » L’objectif, maintenant, c’est de sécuriser son ticket pour l’Australian Open en 2019. C’est pourquoi il a filé en Allemagne pour disputer le Challenger d’Ismaning, où il joue ce samedi sa place en finale. Et pourquoi pas disputer ensuite le Rolex Paris Masters ? La wild card lui tend les bras. « Le gamin ne se met pas de limites », savoure Cédric Raynaud.

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Ugo Humbert, un joueur fixé sur des objectifs qui semblent illimités

À l’instar de son entraîneur, le Messin ne fait pas de son entrée dans le Top 100 un événement. Vainqueur il y a à peine une semaine du Challenger d’Ortisei, il veut voir plus loin, sans se prendre la tête. En route pour le Challenger d’Ismaning, en Allemagne, le joueur se confiait : « À Orléans (défaite au deuxième tour, fin septembre), j’étais un peu fatigué, en fin de piste. La semaine d’après, j’ai refait du jus (avec son préparateur physique, Cyril Brechbühl) et là, cette semaine, je me sentais vraiment bien. Physiquement, je suis au top et je sens que je peux enchaîner. Le plus important, c’est de garder l’envie. Il y a encore pas mal de tournois à jouer sur la fin d’année. » En effet, Ugo jouera à Brest après Ismaning, puis peut-être Bercy. ensuite, il ira à Mouilleron-le-Captif et effectuera une petite tournée en Inde ou aux États-Unis pour enfin revenir en Italie en fin d’année. Voici son programme. « On pousse jusqu’au 26 novembre, il est frais, il a envie de jouer », indique Cédric Raynaud. « Si on voit que ça ne va pas, on enlèvera un tournoi. On s’adapte. » En tout cas, le Français est prêt à enchaîner, car comme il l’a confié, il a un petit secret : « Mon déclic pour enchaîner ? Jouer relâché et me faire plaisir. » Le plaisir, tout ce qui compte pour qu’il garde ses objectifs en tête et pérennise sa présence dans le Top 100. En attendant que d’autres jeunes, à l’instar de Corentin Moutet (n°118) ou Quentin Halys (n°153), franchissent ce cap et confirment tous les espoirs placés en eux ?

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Crédits photos : @BLE_Lorraine, @BenoitMaylin, @PlayinLille, @BalleDedebreak, @ATPChallenger


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Rencontre avec… Constance Sibille

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