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Rencontre avec… Constance Sibille

Ce vendredi, nous vous proposons de découvrir Constance Sibille, joueuse française de 27 ans. Cette joueuse n’a pas eu une trajectoire commune, comme elle le rappelle dès le début de cet entretien, où elle nous assure ne pas avoir fait partie des meilleures joueuses chez les Juniors. Pourtant, elle a bien atteint la 265ème place mondiale à son meilleur en juillet 2014, participant même à Roland-Garros en simple et en double. Oui, mais… Parfois, la vie vous envoie des épreuves que vous devez affronter. Et Constance Sibille a eu son lot, avec de lourdes blessures qui l’ont mené à stopper sa carrière professionnelle. Un mal pour un bien, puisqu’elle a passé son Diplôme d’État pour coacher d’autres passionnés de tennis. Pourtant, petit à petit, elle est revenue aux affaires dans ce monde professionnel si impitoyable, jusqu’à remporter un nouveau titre ce dimanche à Monastir, en Tunisie. Forte de ce retour, elle compte bien encore jouer quelques tournois ITF et tenter de retrouver un classement plus honorable qu’une 1 000ème place mondiale. Partons ensemble à la rencontre de cette jeune femme pleine d’envie et qui surtout est une grande passionnée de la petite balle jaune.

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Bonjour Constance, pouvez-vous pour commencer nous dire d’où vous venez, et quel a été votre parcours chez les jeunes ?

Je viens de Sarreguemines, j’ai grandi là-bas et il y a treize ans je suis venue à Metz pour le travail de mon père. J’ai un entraîneur qui m’a repéré et qui a commencé à m’entraîner un petit plus. À 13 ans, j’étais classée 15 et avec lui j’ai beaucoup progressé et je suis montée jusqu’à la 260ème place mondiale. Du coup j’ai commencé tard, chez les jeunes je n’ai pas beaucoup joué, je n’étais pas très bonne en Juniors. Je faisais surtout des CNGT. J’ai fait mon premier ITF quand j’avais 16 ans, je crois, c’était un 10 000 $ à Limoges et j’ai fait finale. 

Avec qui vous entraînez-vous au quotidien ? Avez-vous un coach qui vous suit sur les tournois ?

Je n’ai pas de coach parce que je suis moi-même coach. Ce n’est pas la vraie raison mais j’avais complètement arrêté parce que j’étais blessée. J’ai pas repris de coach pour le moment, je m’entraîne toute seule, je trouve des partenaires d’entraînement et je me débrouille comme ça pour le moment.

En 2014, vous avez atteint votre meilleur classement, une 265ème place mondiale. Puis vous avez été blessée et vous vous êtes éloignée du circuit professionnel. Pouvez-vous nous parler de cette période de votre vie ?

10478153_801182716589057_4065893765795635489_nJe me suis blessée à la fin de l’année 2014. J’ai commencé à avoir une douleur à l’épaule et j’ai essayé de jouer dessus et ça a augmenté jusqu’à ce que j’ai une rupture du ligament au niveau de la coiffe des rotateurs. J’ai commencé par faire neuf mois de rééducation, j’ai évité l’opération. J’ai essayé de reprendre environ un an plus tard, la douleur était encore là. J’ai refait de la rééducation et le premier tournoi que j’ai refait, j’ai été en finale d’un 10 000 $ à St Gervais. Je me suis tout de suite refait mal et je me suis fait une autre blessure au pied. C’est là que j’ai décidé d’arrêter de jouer au  tennis définitivement et de passer mon Diplôme d’État pour devenir entraîneur en attendant d’éventuellement guérir. Mais je n’avais plus trop d’espoirs parce que c’était compromis. Le pied, je me suis dit que ce n’était pas la peine de continuer à essayer alors que tout mon corps refusait à jouer au tennis. C’était l’impression que j’avais. C’était un peu dur au départ, mais je me suis dit que c’était le meilleur choix pour moi. J’ai commencé à entraîner dans ma ligue, en Lorraine. J’ai commencé à suivre deux joueuses à temps plein donc je ne jouais plus du tout. Jusqu’à ce que je retente de reprendre cet été, et là surprise je n’ai plus vraiment de douleurs. J’ai repris au mois de mai pour les matchs par équipe en Allemagne. Après ce qu’il faut savoir, c’est que les deux années où j’ai entraîné, je jouais des tournois à droite à gauche pour gagner un peu plus d’argent. Je jouais sur une douleur insoutenable et je n’avais aucun projet sportif ou professionnel. C’était juste histoire de m’entretenir physiquement et de prendre un peu de plaisir en jouant. C’était des tournois où j’étais en mode touriste, sans entraînement et avec une seule raquette.

Et puis, cette année, c’est à nouveau la consécration. Après de nouveaux sacrifices, voilà que vous venez de vous imposer au tournoi ITF de Monastir (15 000 $). Qu’avez-vous ressenti au moment de la victoire ? Êtes-vous satisfaite d’être revenue sur le circuit pro ?

Effectivement, c’est assez fou de m’imposer sur un 15 000 $ après tout ce que j’ai traversé et après avoir fait une vraie croix sur une carrière professionnelle. J’étais complètement passée de l’autre côté en devenant entraîneur et je m’étais dit que plus jamais je rejouerai à un bon niveau de tennis parce qu’il y avait trop d’efforts à refaire et je ne m’en sentais pas du tout capable. J’ai ressenti une joie intense au moment de la victoire. C’est une récompense par rapport à tous les efforts que j’ai fait depuis ma blessure en 2015. Ça commence à faire très très long et même si j’ai commencé à entraîner, j’ai passé mon DE, j’avais fait une croix sur le tennis. Mais depuis que j’ai repris les choses en Allemagne, je me suis vraiment entraînée, j’ai fait les choses bien et je me suis fait une vraie programmation. Après, le fait d’être devenue entraîneur, ça m’a vraiment aidé à ce niveau-là parce que je me sens plus cadrée on va dire. J’ai été capable de me faire une vraie programmation avec des séances de physique. J’ai aussi passé un diplôme de préparation physique, et je suis en train de passer un diplôme de préparation mentale. Tout ça m’a donc beaucoup aidé, je suis capable de me faire une vraie programmation avec ce qu’il y a de mieux pour moi. Je me suis fait un programme tennis avec les points sur lesquels je dois travailler et j’ai essayé de trouver des gens pour pouvoir m’entraîner. Pour le mental, j’essaye de lire beaucoup de choses, je me penche sur la PNL et la visualisation et ça m’aide. Je suis très satisfaite d’être revenue sur le circuit pro et j’espère que ce n’est que le début.

Si on parle un peu de classement, vous êtes redescendue au-delà de la 1 000ème place mondiale, mais grâce à ce titre vous devriez remonter. Vous accordez une véritable importance au classement ?

32675399_10156237860537593_2500129544225161216_nJ’étais même non classée. J’avais déjà refait un premier tournoi il y a trois semaines où j’avais fait demi-finale, ce qui m’a permis de remonter aux alentours de la 1 000ème place. J’étais également descendue au classement français. Il faut savoir qu’en 2015 j’étais n°13 française, et là je suis descendue – 15 vu que je n’avais pas joué. L’année dernière je n’ai pas joué pendant dix mois et il y a une petite règle qui dit que si on regagne quatre fois à son ancien classement, on y est remis. Là, sur le tournoi, j’ai battu six filles qui sont numérotées donc je vais être à nouveau numérotée, ce qui est super. Au niveau du classement mondial, je vais être aux alentours de la 790ème place. C’est top, j’ai vraiment envie de continuer dans cette voie-là.

Pensez-vous désormais être capable, à 27 ans, de poursuivre sur cette lancée, de remonter encore au classement et de vous rapprocher de votre meilleur rang ? Cela impliquerait de jouer plus régulièrement sur le circuit ITF…

Je ne sais pas si j’en suis capable, mais j’aime l’espérer. J’ai envie de remonter au classement mais je ne sais pas où est-ce que je suis capable d’aller. C’est sûr que d’avoir déjà été à un très bon niveau il y a quelques années, ça me dit que c’est en moi. Si je refais les efforts et que je fais les choses bien, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas. Oui, pourquoi pas, je pense en être capable. Il faut aussi que j’en ai vraiment envie et que j’ai envie de partir loin tout le temps. À 27 ans, on a une vie plus posée donc je ne sais pas si je partirai tout le temps, il faudrait faire une programmation pour concilier ma vie personnelle et ma vie professionnelle. 

Pendant votre absence due à cette blessure, vous avez passé votre diplôme d’État. L’enseignement du tennis, est-ce quelque chose qui vous a toujours attiré ? Aurez-vous envie de devenir coach quand vous arrêterez d’évoluer sur le circuit pro ?

C’est pas forcément quelque chose qui m’a toujours attiré. Sur les dernières années, ça a commencé à plus me plaire. J’ai trouvé que j’étais relativement à l’aise dans ce domaine. Les quelques personnes que j’ai entraîné, j’ai fait de mon mieux et j’ai réussi à les aider pendant cette période où j’étais blessée. Oui, j’ai envie de devenir coach quand j’arrêterai le circuit pro. J’aimerais bien l’être dans ma ligue ou avec une joueuse d’un bon niveau.

Vous jouez également de temps en temps en double, notamment avec votre compatriote Irina Ramialison. Êtes-vous amies en dehors du circuit ? Que vous apporte la pratique du double ?

CZ_rIGXWwAA_AQxC’est exact, je jouais souvent avec Irina avant ma blessure. On a d’ailleurs fait Roland-Garros ensemble, deux fois. On est très amies en dehors du circuit, c’est même ma meilleur amie. Le double m’apporte le travail du service et de la volée. Ça permet de rester en compétition quand on a perdu en simple. Donc oui, c’est un bon boulot.

Comme toutes les joueuses de tennis, vous devez rêver de participer un jour à un tournoi du Grand Chelem ? Quel serait, parmi les quatre, celui auquel vous rêveriez de participer ? Pourquoi ?

J’ai déjà joué Roland-Garros trois fois : une fois en simple et deux fois en double, en 2013 et 2014. J’aimerais bien faire les autres et pour ça il faut que je remonte aux alentours de la 200ème place mondiale.

Pour finir, pouvez-vous nous donner votre programme pour les semaines à venir ? Quels tournois allez-vous jouer d’ici la fin de la saison et à terme, quel est votre objectif pour cette fin d’année 2018 ? Et pour 2019, que prévoyez-vous de faire ?

f1f6503fcec0e0b75b4e8fd484bc3a5e_5_XLLà, je vais encore faire une semaine ou deux en Tunisie, je ne sais pas encore exactement. Après, je vais peut-être faire un 25 000 $ en Angleterre, et ensuite j’aurai les matchs par équipe en France, avec mon club de Tremblay, là où je suis licenciée. Je jouerai pendant cinq semaines d’affilée et si je suis encore en forme, je finirai peut-être avec deux tournois ITF en fin de saison, juste avant Noël. Je ne sais pas encore où ce sera, peut-être à nouveau en Tunisie ou ailleurs. Je n’ai pas beaucoup de tournois mais j’aimerais me rapprocher un peu plus du Top 500 mondial, on verra. En 2019, je prévois à nouveau de jouer beaucoup de tournois, de faire un mix entre des CNGT et des ITF pour monter le plus haut possible, et on verra bien où ça me mène.

Merci Constance d’avoir accepté de répondre à nos questions, nous vous souhaitons une très bonne fin de saison avec tous nos vœux de réussite !

Propos recueillis par Yannick Giammona pour « Jeu, Set Et Match »
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