Si vous êtes un Fidèle Lecteur ou une Fidèle Lectrice de notre blog, vous avez entendu parler de Mathilde Armitano au moins une fois et c’était ce dimanche, après sa toute première victoire dans un tournoi ITF. À 21 ans, cette jeune joueuse originaire de Lyon (comme une certaine Caroline Garcia) s’est en effet imposée au 15 000 $ des Contamines-Montjoie, dans les montagnes de Haute-Savoie. L’occasion pour nous de partir à sa rencontre et de vous présenter une joueuse en plein progrès. Motivée et bien décidée à ne pas s’arrêter là, nous avons découvert une jeune femme qui a la tête sur les épaules et sait ce qu’elle veut. Aujourd’hui tout près d’entrer dans le Top 700, elle n’attache pas particulièrement d’importance au classement, ce qui importe pour elle étant de continuer à progresser dans son tennis. Partez avec nous à la rencontre de cette jeune femme pleine de charme et de convictions qui en font une joueuse intéressante à suivre…
Bonjour Mathilde, pouvez-vous pour commencer nous dire d’où vous venez, et quel a été votre parcours chez les jeunes ?
Je viens de Lyon. J’ai commencé le tennis à l’âge de 5 ans au Tennis Club du Bois d’Ars à Limonest, avec Patrick et Béatrice Chevalier. J’ai remporté plusieurs titres nationaux chez les jeunes, puis à 12 ans je suis partie m’entraîner en Pôle France à Boulouris avec Jean-Luc Cotard. À 15 ans, j’ai gagné la Coupe de France d’hiver puis je suis allée à l’INSEP pendant un an où j’ai obtenu mon Bac. Je suis ensuite revenue m’entraîner chez moi à Lyon.
Avec qui vous entraînez-vous au quotidien ? Avez-vous un coach qui vous suit sur les tournois ?
Je m’entraîne avec mon coach Olivier Coyras, au tennis club de Dardilly Champagne. Il m’accompagne sur quelques tournois mais je voyage principalement seule ou avec mon amie et partenaire de double Elixane Lechemia.
On parle souvent de la difficulté d’évoluer sur le circuit quand on est classée au-delà du Top 100, comment faites-vous pour vous en sortir financièrement ? N’est-ce pas trop difficile et n’avez-vous pas envie d’abandonner parfois ?
Oui c’est difficile et c’est une des raisons pour laquelle mon entraîneur ne m’accompagne que rarement ! Mes parents m’aident, je joue les matchs par équipe pour mon club, j’ai une bourse de la ligue Auvergne Rhône-Alpes, quelques sponsors et je fais des tournois français de temps en temps. Je me dis que j’ai de la chance de faire le sport que j’aime le plus et de voyager pour ça ! Tant que je progresse et que je prends du plaisir, je continue.
Vous venez de remporter votre premier titre en ITF aux Contamines-Monjoie (France, 15 000 $) ce dimanche. Pouvez-vous nous dire comment s’est passée cette semaine et quel a été votre première émotion lors de la victoire finale ?
Les premiers tours n’ont pas été faciles, le tournoi se joue en altitude donc cela demande un temps d’adaptation avant de pouvoir se lâcher complètement. J’ai senti que j’avais passé un cap sur le match en quarts de finale contre Caroline Romeo. Je la connais bien, elle est en forme en ce moment et je savais que ça allait être un match difficile. Je perds le premier set en plus d’une heure de jeu, sous la chaleur, puis je réussis à trouver les ressources en moi pour aller m’imposer en trois heures de match. Le match de la finale a été très intéressant aussi car je prends 6/1 en 20 minutes, Pauline (Payet, NDLR) jouait incroyable puis j’arrive à trouver les solutions pour gagner le match. Quand je gagne la balle de match, je suis encore tellement dedans que je réalise pas que c’est fini. Ensuite une fois que je vais m’asseoir et que je vois ma petite sœur, je ressens beaucoup de joie.
Nous imaginons que cette victoire vous motive pour continuer à jouer des tournois toutes les semaines et vous donne envie de continuer à progresser au classement ?
L’appétit vient en mangeant ! (Rires) Oui, ça me donne beaucoup de confiance et l’envie d’aller chercher plus haut.
Vous avez atteint votre meilleur classement en juin (n°737) et juste avant votre victoire en ITF, vous étiez classée 761ème mondiale. Grâce à ce titre, vous devriez vous rapprocher ou entrer dans le Top 700, est-ce que vous attachez une réelle importance au classement ?
Le classement est secondaire pour moi, d’ailleurs je n’en parle jamais avec mon coach. Ça fait forcément plaisir de voir mon classement évoluer car ça veut dire que je vais pouvoir jouer des plus gros tournois. Après, l’important c’est que je progresse et que mon jeu aille dans le bon sens.
Vous jouez aussi en double, d’ailleurs vous avez failli faire le doublé la semaine passée, puisque vous étiez en finale du double avec Lou Adler. Vos partenaires, est-ce que ce sont aussi des amies sur le circuit, avec qui vous partagez votre quotidien ?
J’ai failli faire le doublé puisqu’on a perdu en finale 10/8 au super tie-break ! Oui, je joue qu’avec des filles avec qui je m’entends bien, c’est important pour moi car j’ai besoin d’avoir une bonne connexion avec ma partenaire. Je prends beaucoup de plaisir à jouer en double alors autant le partager avec des copines !
On a pu voir il y a peu des joueuses comme Irina Ramialison ou Marine Partaud se plaindre de spectateurs un peu virulents sur les tournois ITF, qui étaient en fait des parieurs qui semblent déranger les joueuses sur les différents tournois. Avez-vous déjà subi ce genre de désagrément et que pensez-vous de toutes les histoires de pari que l’on peut entendre ?
J’étais au tournoi de Figueira au Portugal où les parieurs pouvaient voir les matchs sans être dans l’enceinte du club, donc l’organisation du tournoi ne pouvait rien faire vu la configuration du site et c’était vraiment un problème. De plus sur ces tournois, l’entrée est gratuite donc c’est la cible parfaite pour ces gens-là. Je reçois souvent des messages d’insultes sur les réseaux sociaux de la part de ces parieurs lâches mais je n’y prête pas d’attention, à vrai dire j’ai de la peine pour eux ! On me dit souvent de mettre mes comptes privés mais je reçois aussi beaucoup de messages sympas donc ce serait dommage de s’en priver, il faut juste savoir faire la part des choses…
Comme toutes les joueuses de tennis, vous devez rêver de participer un jour à un tournoi du Grand Chelem ? Quel serait, parmi les quatre, celui auquel vous rêveriez de participer ? Pourquoi ?
Wimbledon. Je trouve ce tournoi mythique et j’aime beaucoup le gazon, c’est une surface qui convient particulièrement bien à mon jeu.
Pour finir, pouvez-vous nous donner votre programme pour les semaines à venir ? Quels tournois allez-vous jouer d’ici la fin de l’été et à terme, quel est votre objectif pour la fin de saison 2018 ?
Je vais jouer Chiswick, un 25 000 $ à Londres la semaine prochaine, ensuite ce sera vacances puis le championnat de France à Blois fin août. Je ne me fixe pas de limite pour fin 2018, l’objectif est de faire évoluer mon jeu, prendre du plaisir à jouer et le reste suivra !
Merci beaucoup Mathilde d’avoir accepté de répondre à nos questions, nous vous souhaitons le meilleur pour la suite de votre saison et de votre carrière !
Propos recueillis par Yannick Giammona pour « Jeu, Set Et Match »
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