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Rencontre avec… Julie Gervais

Comme à notre habitude, nous avons désiré vous présenter à travers une interview une joueuse très peu connue du grand public, qui évolue sur le circuit secondaire mais qui mérite, à nos yeux, de se faire connaître. À 26 ans, Julie Gervais n’a pas eu le même parcours que les autres joueuses de tennis. Professeur de tennis à temps plein, elle avait mis sa carrière de côté mais une victoire dans un tournoi ITF doté de 10 000 $ l’a finalement convaincue de repartir sur le circuit. Bien lui en a pris, puisqu’elle a enchaîné avec une deuxième victoire. Si nous avons voulu faire un focus sur cette joueuse aujourd’hui classée 564ème à la WTA, c’est parce qu’elle vient de faire une finale au tournoi de Madrid (15 000 $). Non loin d’une nouvelle victoire et du Top 500, elle ne cesse de progresser. Ceux qui la suivent régulièrement sur les réseaux sociaux sont au courant de sa belle évolution. Focus sur une joueuse attachante, intelligente et qui a répondu sans détour à toutes nos questions.

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Bonjour Julie, tout d’abord pour les gens qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel est votre parcours dans le tennis ?

Bonjour, je m’appelle Julie Gervais, j’ai 26 ans et je suis ardennaise. J’ai commencé le tennis à 4 ans dans les Ardennes, je suis passée par le pôle espoir de Dijon, le pôle France à Roland-Garros et l’académie des Hauts de Nîmes. Diplômée du D.E. JEPS tennis, j’ai repris ma carrière de joueuse en 2015 après mon titre de championne de France 2ème série. J’ai ensuite gagné deux titres ITF 10 000 $ à Stockholm et à Heraklion. Aujourd’hui , je suis classée 40ème joueuse française et 564ème à la WTA.

Pouvez-vous nous parler de votre style de jeu et de votre surface favorite ? Avec qui vous entraînez-vous tout au long de l’année ?

J’ai un jeu très offensif où je frappe très à plat. Ma surface favorite est le dur intérieur. Je m’entraîne seule tout au long de l’année, avec des sparrings et mon père qui m’aide comme il peut. Je n’ai pas de coach tennis. J’ai un ami coach physique qui m’aide à distance en m’envoyant les séances à faire.

Comme vous le disiez, vous avez remporté deux titres ITF 10 000 $ durant votre carrière (Stockholm en 2015 et Heraklion en 2016). Parlez-nous un peu de ces victoires, de leur contexte et de vos émotions ?

DXipV4qW4AAOiD-Mon premier titre est arrivé quelques semaines après mon titre de championne de France 2ème série. J’ai passé 2015 en tant que professeur de tennis à plein temps, donc je ne me suis pas beaucoup entraînée de l’année. J’ai gagné quatre tournois CNGT durant la saison pendant les vacances scolaires, seul moment où je pouvais jouer en tournoi (Vitry-Le-François, Auxerre, Gueugnon, Neris-Les-Bains). Du coup, ce premier titre a été une révélation, je n’avais jamais passé le stade du deuxième tour d’un 10 000 $ avant ça, donc ça m’a confirmé que j’avais fait le bon choix en reprenant ma carrière. Ça a été un moment fort compte tenu de mon passé, de mes blessures. J’ai beaucoup galéré, peu de personnes croyaient en moi, je me suis reconstruit toute seule et ça a été ma plus belle revanche. Quelques mois plus tard, je gagne à Heraklion. Ça a été un pur bonheur de gagner ce deuxième titre.

Depuis 2016, vous n’avez plus remporté de trophée. Est-ce parce que vous essayez d’évoluer dans des tournois dotés de 15 000 $ (ou plus) où la concurrence est plus dure ? Ou y a-t-il une autre explication ?

Juste après mon titre à Héraklion en 2016, je me suis blessée au genou et cette blessure a traîné pendant plusieurs mois. J’ai eu du mal à revenir. La reprise a été difficile, je n’ai pas eu de bons résultats et j’ai perdu tous mes points en 201 Je n’ai retrouvé mon niveau de jeu qu’en août 2017 où j’ai fait finale au 15 000 $ de Charleroi. Après cela, j’ai participé à des tournois dotés de 25 000 $ et 60 000 $. La concurrence est bien sûr plus élevée sur les 15 000 $, d’autant plus qu’avec ce changement de dotations (de 10 000 $ à 15 000 $, de 50 000 $ à 60 000 $ depuis 2017), certains tournois ont disparu (faute de moyens). Il y a donc moins de tournois par semaine (notamment l’hiver), et les joueuses se retrouvent toutes au même endroit ou préfèrent jouer des plus petits tournois pour avoir plus de chance de gagner plus de points.

Pourtant, cette semaine, vous venez d’atteindre la finale du tournoi de Madrid (15 000$), sur terre battue. Racontez-nous un peu comment s’est passée votre semaine en Espagne.

DfQj9VzX4AAl2oBMa semaine en Espagne a commencé avec un premier tour très difficile face à ma compatriote Lucie Wargnier. Je gagne à l’arrache 6/4 au troisième set après un combat de 2h20. Je suis arrivée à Madrid sans avoir de certitudes sur terre battue. Je venais de faire un premier tour au Portugal (15 000 $) et à Saint-Gaudens (60 000 $). De gagner ce premier tour m’a redonné énormément de confiance pour ensuite battre deux autres Françaises, Lou Brouleau et Estelle Cascino, avant de battre une jeune espagnole en demi-finales. La finale face à Giorgia Marchetti, une Italienne, j’étais très tendue au début du match. Je passe donc à côté de mon premier set, mais je trouve les ressources physiques et mentales pour retourner la situation et remporter le deuxième set. Le dernier set, mon adversaire est restée très solide et moi j’ai payé les efforts que j’avais fait pour gagner le deuxième set et je m’écroule physiquement et mentalement. Cela reste une magnifique semaine dont il va falloir se servir pour la suite.

Grâce à ces résultats, vous vous rapprochez petit à petit du Top 500 (vous étiez 564ème WTA au début du tournoi de Madrid). Avez-vous pour ambition d’aller encore plus haut ou est-ce que le classement est secondaire pour vous ?

Oui, je serai aux alentours de la 530ème place dans deux semaines, mon meilleur classement en carrière. J’aimerais être au minimum 450ème fin août pour pouvoir participer à de plus gros tournois. Le classement est le reflet du niveau de jeu, si mon niveau de jeu est bon, le classement continuera de grimper.

Pouvez-vous nous donner votre programme pour les semaines à venir ?

Je serai sur le 25 000 $ de Montpellier dès ce weekend, la semaine d’après je serai soit à Périlleux, soit à Stuttgart pour un 25 000 $.

Pensez-vous pouvoir un jour disputer les qualifications dans un tournoi du Grand Chelem ? Quel serait le tournoi auquel vous rêveriez de participer, Roland-Garros ou un autre ?

C’est le rêve de toutes joueuses je pense, mais aujourd’hui je n’ai pas le classement pour pouvoir y participer. Le Grand Chelem auquel je rêve de participer est l’US Open parce qu’il se joue sur dur et puis c’est à New-York, ça fait rêver.

Vous êtes une des rares joueuses à être sponsorisée par la marque Artengo de Decathlon. Pourquoi avoir fait ce choix, alors que beaucoup de joueuses se tournent vers Nike, Adidas ou Asics ? Qu’est-ce que cela vous apporte au quotidien ?

DYBy0TEWkAI3Uc_Mon contrat avec Tecnifibre touchait à son terme et comme j’étais redescendue 41ème joueuse française, je ne rentrais plus dans les dotations de la marque. Ils m’ont tout de même fait une proposition mais qui était revue à la baisse et ne correspondait pas à mes attentes. J’étais déjà en contact avec Artengo qui me proposait un très beau contrat, j’ai beaucoup apprécié le contact avec Eric et Stéphanie, les responsables raquettes et textile qui ont été très à l’écoute de mes demandes et tout s’est fait très naturellement. Les marques comme Nike ne s’intéressent qu’aux meilleurs. Avec Artengo, je suis quasiment en contact avec eux chaque semaine pour échanger sur les produits, discuter de ce qui va et de ce qui ne va pas pour faire évoluer la marque. J’ai le sentiment d’être importante dans l’évolution de la marque, c’est vraiment gratifiant et la qualité de leurs produits est vraiment top. Je suis ravie du matériel qui est mis à ma disposition. C’est important pour nous d’avoir ce genre de partenariat car les raquettes, les chaussures, le textile ça a un prix et quand c’est à nos frais ça chiffre vite. Donc ça enlève une épine du pied d’être aidée par une marque comme Artengo.

Dernière question, vous êtes plutôt active sur les réseaux sociaux. Cela vous permet-il d’avoir un contact avec les gens qui vous suivent et de vous faire connaître ? Vous aimez parler de votre parcours dans les différents tournois où vous jouez ?

DU9uJDXWAAoS6qYJe suis très active sur les réseaux sociaux, oui, parce que cela me permet d’être visible pour mes sponsors actuels et aussi de me donner la possibilité de toucher d’autres sponsors via ces réseaux. À notre niveau, il faut tout mettre en œuvre pour se faire connaitre car nous ne sommes pas médiatisés, donc c’est un bon moyen de gagner en visibilité. J’aime aussi les échanges avec les personnes qui me suivent, ça fait plaisir de se sentir soutenue par autant de monde et c’est important de partager ce que je vis à travers mon sport et de montrer tous les sacrifices qu’on doit faire au quotidien pour arriver au haut niveau.

Merci beaucoup Julie d’avoir accepté de répondre à nos questions, nous vous souhaitons tout le meilleur pour la suite de votre saison et à bientôt !

Propos recueillis par Yannick Giammona pour « Jeu, Set Et Match »

 

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